2°) Une première définition sociologique et institutionnelle de l’internalisation

Admettant le principe de la nature conflictuelle des structures et institutions collectives, nous pouvons à présent donner une première définition de base à l’internalisation des valeurs sociales. En premier lieu, notons que la citoyenneté correspond au principe de participation aux conflits sur la construction des institutions collectives : cette participation, « sociation » selon Max Weber, consiste à former un groupe d’action collective pour amplifier «la capacité d’imposition découlant de la rareté pour en faire valoir au maximum les avantages » (Rémy, 1994) 277 . Pour Hugues Puel (1989) 278 , il est clair que cette « sociation » est fondamentale dans la satisfaction des préférences des citoyens. Elle doit selon lui se traduire par une société civile qui participe à l’action collective en analysant et en exprimant ses besoins sociaux, face à un « Etat qui tendrait à la sclérose », de « pouvoirs que tendent à confisquer partis politiques, bureaucraties syndicales, administrations publiques, grandes firmes ». Face à ces pouvoirs, « l’éducation du citoyen » ainsi que l’efficacité des valeurs qu’il a intériorisées est essentielle à la « légitimité de l’ordre social » précisent Boudon et Bourricaud (1982) 279 .

Si l’on admet à présent que c’est le déficit de citoyenneté qui est le reflet le plus fondamental de l’externalisation des satisfaction sociales, nous en déduisons que c’est fondamentalement à travers la citoyenneté que peuvent être internalisées valeurs sociales dans la société. Du fait de ce lien entre citoyenneté et internalisation, nous pouvons finalement noter dans quelle mesure pour chaque individu, l’internalisation des préférences des citoyens, c’est-à-dire la reconvergence des choix collectifs vers ces préférences, est liée à une participation au conflit. Cette définition trop triviale ne nous dispense pas de poursuivre notre analyse, pour découvrir le sens et les enjeux plus profonds de cette participation.

Notes
277.

REMY, Jean (1994), 8 Max Weber, in Histoire de la pensée sociologique, Cursus, p. 147.

278.

PUEL, Hugues (1989), L’économie au défi de l’éthique, Cujas/Cerf, p. 93.

279.

BOUDON, R., BOURRICAUD, F. (1982), Dictionnaire critique de la sociologie, PUF, p.480.