II3.2 « suivre/guider » la nature, ou les conséquences d’un choix de valorisation des préférences sociales sur la définition du développement durable

Nous avons vu que la finitude du monde plaçait l’homme face à une alternative dans sa relation avec la nature : « asservir/être asservi », ou « suivre/guider ». Nous avons vu également que le choix de l’internalisation des valeurs sociales, lié à une relation de type « suivre/guider », impliquait de facto pour l’homme un devoir de responsabilité face à la nature. Il s’agit de proposer à présent une définition des principes de développement durable correspondant à ce choix d’internalisation. Nous utiliserons pour cela le vocabulaire « suivre/guider » d’Edgar Morin. « Suivre/guider » plutôt « qu’asservir/être asservi par » la nature, c’est pour l’humanité rester maître de son destin, tout en tenant compte des contraintes imposées par un monde fini. C’est choisir l’harmonie (respecter les grands équilibres écologiques) plutôt que le conflit avec la nature « écosystème ». C’est cette harmonie qui réserve le principe de choix collectifs maîtrisés par les individus citoyens (conscience de citoyenneté et marge de manoeuvre des choix politiques).

Deux éléments semblent se dégager permettant de définir un tel développement durable :

- « suivre la nature », c’est tendre vers un développement qui dépende le moins possible des ressources naturelles : découpler croissance économique et consommation de ressources naturelles ;

- « guider la nature » c’est faire reposer le développement sur des technologies diversifiées et flexibles, maîtrisables par les individus citoyens.