III1.3 Divergences entre préférences marchandes, politiques, et choix publics dans le développement de la concentration : cas de la région parisienne

La situation de concentration parisienne était déjà « critique » en 1964, selon les mots de Pierre Massé 362 (Masse, 1964). Elle l’est encore plus aujourd’hui, et le sera encore plus demain, tant il semble que la logique de polarité atteint à partir d’un certain seuil sa propre autonomie vis-à-vis des préférences individuelles et collectives, quelles qu’elles soient. Les efforts de l’Etat de décentraliser les administrations publiques sont louables, mais peuvent-ils être suffisants ? Quant aux choix individuels, peut-on demander à un individu de préférer le chômage en province à un travail en région parisienne ?

Il ne serait certes pas inutile de mesurer l’ampleur des coûts sociaux de la concentration. Mais il est à craindre que ces coûts sociaux, quelle soit leur valeur, augmentent de façon croissante avec la concentration, tout en restant toujours inférieurs (ou du moins apparemment, à court terme) aux coûts sociaux de déconcentration, eux aussi croissants en fonction de la concentration. Le processus de concentration s’entretient ainsi lui même de façon de moins en moins contrôlable. Cette logique dynamique nous aide à sentir la signification du terme de divergence croissante entre choix marchands et préférences sociales. Même si il existe une préférence des citoyens et une préférence politique pour refuser la localisation en région parisienne, la structure même du processus de concentration impose à la plupart des acteurs le choix marchand de localisation en région parisienne.

Notes
362.

MASSE, Pierre (1964), L'aménagement du territoire, projection géographique de la société de l'avenir, REP (reproduit, in Massé, Le plan ou l'anti-hasard).