I3.4 Une logique de complémentarité entre pertinence de l’approche marginale et pertinence de l’approche globale

Nous pouvons ainsi représenter schématiquement les pertinences respectives des analyses des coûts externes marginales et globales de la façon suivante :

Lorsque l’importance des interactions non marchandes est faible, la pertinence du modèle de la théorie néoclassique l’emporte. Par contre, lorsque l’importance de ces interactions devient forte, il donne une image de la réalité trop déformée et douteuse. Mais au-delà de ce schéma simple, il nous paraît aussi utile de garder dans tous les cas une vision duale du problème des externalités à l’aide des deux théories. Si nous avons tracé un axe représentant « l’importance des interactions non marchandes », il faut reconnaître dans la réalité le caractère discutable et mouvant d’une frontière de pertinence entre les deux théories. Une évolution technologique ou institutionnelle peut ainsi contribuer à modifier cette frontière. L’imprécision des domaines respectifs de pertinence donne toute son importance à un regard sur la réalité à la fois marginal et global.

Un marché ayant apparemment, suivant le point de vue de l’économiste, des externalités limitées et clairement identifiées, peut en fait receler des préférences et aversions sociales « cachées » qu’un choix de structure peut faire émerger. Réciproquement, les limites mêmes du choix politique global (évoquées notamment en deuxième partie) militent en faveur d’une internalisation maximale aussi imparfaite soit-elle, de toute les externalités technologiques identifiées au niveau marginal. Nous avons ainsi certes distingué les cas ou l’analyse marginaliste est insuffisante, mais cela signifie qu’elle doive dans ces cas là être non pas remplacée par une analyse globale, mais éclairée et complétée par cette dernière.