I3.5 Cas d’identité entre les deux approches

Il est particulièrement intéressant de présenter un cas d’école limite où les deux approches sont finalement identiques. Ce cas d’école part de l’hypothèse d’une identité entre les fonctions « de bien être collectifs » et de « choix politiques ». Reprenons notre marché entre A et B, avec une demande constante, et x part de marché de A.

1°) Supposons suivant une analyse marginaliste, que l’on puisse identifier et valoriser pour A la totalité des externalités technologiques de A sur la collectivité C :

Cette première externalité représente une sous-tarification de A par rapport à la valorisation de nuisances sur la collectivité. Si la collectivité internalise ces externalités technologiques de façon optimale, elle va tarifer A à son coût marginal social :

et l’optimum se situera pour un coût marginal d’évitement de A :

2°) Cherchons maintenant à évaluer le coût externe de A suivant le principe de l’externalité pécuniaire « de structure », en supposant que la collectivité a pallié aux nuisances de A en rationnant sa production et en investissant dans une production alternative B :

Lorsque les parts de marché entre A et B correspondent aux préférences exprimée par le choix politique de structure (« optimum politique x0 »), on a :

3°) Dans le cas limite ou la production de B n’est pas à rendements croissants et où l’intervention de la collectivité a été optimale (identité de la fonction de choix politique et de la fonction de bien être collectif), les deux analyses sont équivalentes, soit :

Ce cas d’itentité des deux approches nous permet ainsi de noter un point fondamental. Les approches en termes d’externalités technologiques « élémentaires » et en termes d’externalités pécuniaires « de structure » sont complémentaires dans le sens où elles permettent de regarder un problème d’externalités sous deux angles différents. Mais cette complémentarité n’autorise pas un mélange, un ajout d’externalités de l’une et de l’autre théorie.

Prenons l’exemple du coût de la congestion routière : dans l’approche théorique néoclassique, le coût de congestion représente une externalité pécuniaire élémentaire interne au mode routier, sans rapport avec les externalités technologiques d’environnement, qui ne justifie d’ailleurs pas un transfert ailleurs que dans l’évitement de la congestion. Dans le modèle d’externalité de structure, le coût de congestion révèle indirectement la rareté de l’environnement, si l’on donne une légitimité économique à la résistance sociale à l’extension des infrastructures routières. On ne peut ainsi pas ajouter le coût de congestion avec les externalités élémentaires, faute de faire un double compte. Le coût de congestion représente dans le modèle de l’externalité « de structure » l’ensemble des coûts externes élémentaires du modèle marginaliste.