« ‘God of the distant north, the Snowy Range
O’er other mountains towers imperially ;
Earth’s measuring-rod, being great and free from change
Sink to the Eastern and the Western sea ...’ » 1
Quelque 1500 ans plus tard, rien ne peut sans doute mieux rendre compte de la charge symbolique toujours affectée à la chaîne himalayenne que l’image de cette jeune femme qui choisit le col sud (Lho la), à 6026 m d’altitude, pour prêter allégeance au Parti Communiste Chinois lors de la première ascension officielle chinoise de l’Everest2. Le poète comme le politique sont fascinés par cette concentration de tous les sommets de plus de 8000 m composant une extraordinaire barrière dressée entre les mondes indiens et chinois3, interaction majeure entre les deux Etats les plus peuplés de la planète et que Jawaharlal Nehru décrivit en 1950 comme ‘« une frontière magnifique »’ ‘« depuis des temps immémoriaux»’ 4. Pourtant, cela n’empêcha pas que cette frontière ne soit franchie par l’armée chinoise neuf ans plus tard et que ne s’amorce un conflit qui n’est toujours pas clos en 1997.
Extrait de Kumarasambhava, oeuvre de Kalidasa, poète de la cour de Chandragupta II (IV°-V°), cité dans R.L. Singh, India, A Regional Geography, Varanasi, National Geographical Society of India, 1971, p. 345.
L’Everest est rouge, film collectif de propagande chinois tourné en 1975.
Les premières cartes européennes (notamment celle de l’école de cartographie de Florence) localisaient le massif himalayen à l’est de l’Inde, la séparant de la Chine.
« a magnificent frontier » « From time immemorial , J. Nehru, Débats de la Lok Sabha, 6/12/1950.