Le massif himalayen est perçu comme une barrière, depuis l’Inde. Il importe, dans une première partie de rechercher quelles sont les composantes d’une telle représentation, comme des paysages tant physiques qu’humains associés, bref de localiser les ruptures et des continuités spatiales d’un « autour des Himalayas ». Cette esquisse d’une géographie physique et humaine des frontières et des territoires à proximité des frontières s’attache à définir les constituants de cette barrière montagneuse, physiques d’abord, mais aussi humains, ainsi qu’à en cerner les traits spécifiques, au regard du reste des territoires nationaux.
C’est, comparativement aux Etats englobants, un espace vide, de faible pression démographique, parce que le milieu introduit de fortes contraintes à l’habitat et à la gestion du territoire, mais qui peut présenter localement des zones de forte densité, aux altitudes moyennes21. Il s’inscrit aussi en creux dans la dynamique économique des Etats englobants, sauf à bénéficier partiellement du développement du tourisme tant international qu’indien, comme d’une présence militaire forte qui favorise un certain dynamisme économique local.
En fait le caractère unique de l’espace himalayen-tibétain comme support de frontières tient autant aux caractéristiques du milieu, et notamment de l’altitude, qu’il autorise l’existence d’un phénomène transfrontalier : le Tibet. C’est un paradoxe de ces frontières qui séparent deux civilisations distinctes mais qui viennent en intersection avec une troisième, la civilisation tibétaine : sauf à l’extrême ouest du massif, l’interaction sino-indienne est enrichie d’une composante tibétaine qui a la particularité d’être exogène aux Etats en présence, même si elle constitue un objet de revendication intégré aux logiques frontalières nationales.
Les notions de moyenne ou de haute montagne n’ont pas la même connotation dans cette région du monde qu’en Europe. J’ai choisi de tenir compte des similitudes observables : la haute montagne commence quand s’arrête la pelouse « alpine », quand apparaissent les pentes rocheuses, les talus d’éboulis et les pentes neigeuses.