Une telle affirmation suppose que l’Etat dispose des capacités d’action nécessaires, qui pèseront diversement sur lui, selon qu’il soit engagé ou non dans un processus d’horogenèse ou de construction nationale, pour exercer cette compétence de souveraineté sur les frontières du territoire échu. Elle repose d’abord une légitimité réelle ou admise d’assurer la juridiction sur, ou d’établir, des limites territoriales; légitimité qui est en fait internationale avant d’être interne29.
Il doit ensuite mettre en place un système de démarcation qui remplace des frontières imprécises ou des limites antérieures, à moins qu’il ne les confirme, et le doter d’un caractère de perméabilité ou d’imperméabilité selon l’objectif recherché ;
la mise en place des mécanismes de régulation ou de sanction pour la performance de l’Etat et la surveillance des frontières et qui permette une anticipation de la demande actuelle ou future de l’Etat qui puisse impliquer l’adaptation ou la modification des mécanismes de gestion.
Ces contraintes ne sont pertinentes que si les Etats sont dans leur pratique (ou en passe de le devenir) des Etats nationaux mais, hors d’Europe, ‘“ ce qui est en jeu actuellement est la formation de l’Etat territorial ”’ 30, que Raymond Aron définit comme ‘“ unité d’action d’une unité politique, souveraine à l’intérieur de limites tracées sur la carte ”’ 31 : ‘“ Le souverain - le roi ou ses successeurs bourgeois - a la capacité d’imposer sa volonté sur toute la surface du territoire ” ’ 32.
Le souverain “ s'est assuré le monopole de la force militaire au-dedans. Du même coup, il apparaît, au dehors, comme le représentant de la collectivité au nom de laquelle il a le droit et le devoir de parler puisqu'il en protège l'indépendance par une force militaire irrésistible contre les rebelles et capable de tenir tête aux ennemis ”, Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, Paris, Calman Lévy, 1984., p. 392. Mais c’est l’inverse est possible : “ When Nicaragua’s pro-communist regime could not acquir legitimacy, negative reactions erupted in its relationships with over nations ”, Ellwyn R. Stoddard, "Frontiers, Borders and Border Segmentation; Toward a Conceptual Clarification", Journal of Borderlands Studies, Vol. VI, N°1, 1991, p. 6.
Michel Foucher, Fronts et frontières, un tour du monde géopolitique, Paris, Fayard, 1988, p. 44.
Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, Paris, Calman Lévy, 1984, p. 393.
Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, Paris, Calman Lévy, 1984, p. 391.