La prise en compte des variations d’ouest en est de cette barrière se fait par une typologie classique qui différencie un ensemble occidental, un ensemble central (qui concerne essentiellement le Népal) et un secteur oriental, du Sikkim à l’Arunachal Pradesh. Cette tripartition du massif coïncide avec les macro-régions nord, centre et est de la planification économique indienne, ainsi qu’avec les grandes régions militaires du pays (le centre correspondant aux terres indiennes au sud du Népal). A plus grande échelle onze régions, qui suivent moins les unités physiques que le découpage administratif, sont identifiées. Les cinq régions indiennes sont composées de 50 districts couvrant en totalité quatre Etats, ainsi qu’une portion de deux autres Etats188. Le Népal est divisé en cinq régions couvrant 75 districts, tandis que le Bhoutan est divisé en 18 districts. Une telle délimitation, reposant sur des critères administratifs, intègre la quasi-totalité de l’espace préalablement défini comme himalayen, à quelques exceptions près, dans la région du Teraï du Pendjab et dans les duars de l’Assam.
| Etat | région | superficie (km 2 ) | pop. 1991 (hab.) | densité | localités | loc./km 2 |
| Inde | Cachemire | 100 569 | 7 718 700 | 76,75 | 6 816 | 1/14,8 |
| Pendjab | 55 500 | 4 280 818 | 77,13 | 18 768 | 1/2,9 | |
| Kumaon/Uttarkhand | 51 100 | 5 874 353 | 60,78 | 16 106 | 1/3,2 | |
| Népal | Extrême-Ouest | 19 539 | 1 746 000 | 89,35 | 2 801 | 1/6,9 |
| Ouest moyen | 42 378 | 2 469 000 | 58,26 | 4 136 | 1/10,2 | |
| Ouest | 29 398 | 3 884 000 | 132,11 | 6 282 | 1/4,6 | |
| Centre | 27 410 | 6 068 000 | 221,37 | 6 850 | 1/4,0 | |
| Est | 28 456 | 4 750 000 | 166,92 | 6 467 | 1/4,4 | |
| Inde | Sikkim+Darjeeling | 10 300 | 1 739 230 | 168,85 | 1 940 | 1/5,3 |
| Bhoutan | Bhoutan | 46 500 | 1 162 000 | 24,98 | 4 001 | 1/11,6 |
| Inde | Arunachal | 83 700 | 858 392 | 10,25 | 3 263 | 1/25,6 |
| total Inde | 301 169 | 20 471 494 | 67,97 | |||
| total | 494 850 | 40 095 575 | 81,02 |
La région, qui représente 9,2% de la superficie de l’Inde, n’abrite que 2,4% de sa population : à une échelle continentale, les Himalayas séparent deux zones de basses terres où sont localisées les plus fortes concentrations de population urbaines et rurales du globe : Chine 111 hab./km2, Pakistan 133 hab./km2, Inde 247 hab./km2190. Avec 40 millions d’habitants pour une superficie de près de 500 000 km2 - soit une densité moyenne de 81 hab./km2 - la région himalayenne ne constitue pas un vide démographique, même si elle est comparativement sous-peuplée, sauf à prendre en compte l’ensemble des hautes terres (et donc le territoire de la Région Autonome du Tibet, pour une valeur très faible : 29 hab./km2).
| région | pop. 1951 (hab.) 192 | pop. 1991 (hab.) | croiss. annuelle |
| Cachemire | 3 253 852 | 7 718 700 | 2,18 |
| Pendjab | 2 385 981 | 4 280 818 | 1,47 |
| Kumaon/Uttarkhand | 3 106 356 | 5 874 353 | 1,61 |
| Extrême-Ouest | 958 300 | 1 746 000 | 3,05 |
| Ouest moyen | 1 490 000 | 2 469 000 | 2,56 |
| Ouest | 2 446 400 | 3 884 000 | 2,34 |
| Centre | 3 865 800 | 6 068 000 | 2,28 |
| Est | 2 797 500 | 4 750 000 | 2,68 |
| Sikkim+Darjeeling | 762 604 | 1 739 230 | 2,08 |
| Bhoutan | 1 162 000 | 2,01 | |
| Arunachal | 336 558 | 858 392 | 2,37 |
| total Himalayas | 21 403 351 | 40 095 575 |
L’Himalaya du Cachemire est la zone la plus vaste (20% de la superficie totale), devant les Himalayas de l’Arunachal (17% du total), mais ce sont les Himalayas du Kumaon et du Pendjab qui sont les plus densément occupés, avec un établissement humain pour respectivement 2,9 et 3,2 km2. Les régions du Cachemire, de l’Ouest népalais et de l’Arunachal sont au contraire peu densément occupées. Par contre une analyse des densités humaines fait clairement apparaître le Népal (sauf la région de l’Ouest moyen) et l’Himalaya du Sikkim, en opposition aux zones peu densément peuplées du Bhoutan et de l’Arunachal. Toutes ces régions administratives ont en commun d’offrir un profil topographique identique, s’étendant de la plaine aux lignes des plus hautes crêtes, gommant statistiquement les disparités nord-sud. Une analyse par district apporte de fortes nuances dans cette régionalisation du peuplement.
Les plus fortes densités de peuplement se localisent en premier lieu dans les districts sud du massif, à basse altitude : zones du Teraï et des duns voisines. Les densités y varient entre 100 et 400 hab/km2, exception faite du Bhoutan et de l’Arunachal (les plus fortes densités sont celles du district collinéen de Tirap : 36 hab/km2) et de quelques districts du Népal occidental (Kailali : 80; Bardiya : 98). Une seconde zone de fort peuplement est clairement identifiable au Cachemire et au Népal, moins sensible ailleurs. Ces fortes densités sont d’abord rurales, mais sont aussi dues à la présence d’environ 190 villes193, selon deux axes parallèles et discontinus, le long du “ pied des collines ” et dans le pahar, qui rendent comptent de deux dynamiques de peuplement : alors que le peuplement et l’urbanisation du moyen Himalaya est un phénomène historique, celui qui affecte le piedmont himalayen est contemporain et généré par la récente mise en valeur de terres longtemps répulsives. Elles constituent désormais le principal réservoir de terres nouvelles pour l’agriculture, notamment dans le Teraï du Népal, où vit plus de 40% de la population du pays, zone d’immigration nationale alimentée aussi par des migrations incontrôlées depuis l’Inde194.
Les géographes indiens différencient l’Himalaya de Darjeeling de celui du Sikkim : nous avons préféré n’en faire qu’une seule région.
Ces chiffres sont des moyennes nationales et dans les plaines les densités peuvent atteindre localement des valeurs très élevées : dans le Hebei, elles sont supérieures à 500 hab./km2 par district, et peuvent localement dépasser 10 000 hab./km2 en milieu rural ; dans les tehsils ruraux de la moyenne vallée du Gange, les densités dépassent 500 hab./km2, Population Atlas of China, OUP, 1987; Economic Atlas of India, OUP, 1989.
Pour le Népal, chiffres 1971; pour le Bhoutan, voir note précédente.
La définition de la ville varie selon les pays, notamment quant à la population minimale : en Inde, il faut 5 000 habitants, au Népal 9 000 habitants, mais l’octroi du titre de ville relève de la décision administrative, plus que de la valeur statistique.
Ibid., p. 3. S’y ajoutent depuis plusieurs années des réfugiés du Bhoutan, notamment dans l’est du Teraï.