ii- Au-Delà De La Barrière, La Marche Physique

Cet espace entre plaine et cimes enneigées est appréhendé par le biais d’une nomenclature populaire qui différencie l’espace habitable - les collines (the hills ou pahar) - de l’espace non habité, la montagne, elle-même caractérisée selon la nature de son manteau neigeux - lekh s’il est saisonnier et himal quand il est permanent; la rupture entre les deux se situant vers 3 000-3 500 m203. La terminologie néglige par contre les territoires humanisés de haute altitude, qu’ils soient en contrebas ou au-delà des pentes enneigées, même si elle en a une connaissance construite par des siècles de contacts et d’échanges : le domaine des bhotias (terme générique qu’on retrouve tout au long de la chaîne, et pas seulement au Népal) est étranger à celui des collines alors qu’il représente statistiquement environ 30% de la superficie du massif. La première contingence d’un “ autour des Himalayas ” est l’existence d’une entité physique tibétaine “ en haut ” de la barrière, dont les conditions de milieu particulières sont l’antithèse de celles qui règnent dans la plaine du Gange.

Notes
203.

J.D. Ives et B. Messerli, The Himalayan Dilemma, London, Routledge, 1989, p. 22. Cette nomenclature paraît surtout valable pour le Népal. En Inde, une terminologie moins précise différencie l’Himanchal (domaine habité de la basse et de la moyenne montagne) de l’Himadri (domaine des cimes enneigées). Par contre le terme de collines est d’usage courant sur l’ensemble de la chaîne et désigne même des reliefs qui relèveraient de la catégorie du lekh.