b) Périphéries Tibétaines

Au nord-est du Tibet méridional, mais séparé par quelque 400 km de hautes terres steppiques s’ouvre un second espace, constitué des deux cuvettes lacustres du Tsaidam (vaste cuvette endoréique de quelque 200 000 km2 à 2 700 m d’altitude) et du Tengri Nor : région de l’Amdo (ou Qinghai d’après l’appellation mongole du lac).

Au sud de l’Amdo et séparé par la chaîne de Bayenkhara, un système de serres montagneuses (quatre rivières six chaînes) préfigure les ensembles tibétains de seconde grandeur du versant cishimalayen : le Kham. Le long des cours supérieurs de la Salouen (dNul chu), du Mékong (Nom chu), du Chanjiang (Bri chu) et du Yalong (Nag chu) alternent vallées larges et gorges en direction du sud-sud-est. L’altitude des vallées y est moindre que dans le Tibet central (2500 m en moyenne) mais les forts commandements des interfluves et des systèmes de gorges font que l’accès au Kham est le plus aisé par les bassins de réception des fleuves, rattachant logiquement ces espaces à l’ensemble tibétain. Cet ensemble massif qui s'arrête brutalement au bord de la cuvette de Chengdu constitue la sous-région géographique du Sichuan de l'ouest et du Tibet de l'est233 mais constitue aussi l'espace des "marches sino-tibétaines" quand on prend en compte non seulement ses caractéristiques physiques et les données humaines.

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Figure 5 : Les marches indo-tibétaines : une représentation géomorphologique.
[Note: Source : B. Francou, Hautes montagnes, passions d’exploration, Paris, Masson, 1993.]

Hors de ces zones basses, qui couvrent moins du quart de la superficie, le massif est caractérisé par l’alternance de massifs montagneux et de hautes terres. A l’est du Karakoram, après un ensemble confus de dépressions et de crêtes (Aksai Chin) le Gangdisi compose la suite topographique de la chaîne. Cette construction d’âge secondaire234 et d’altitude moyenne supérieure à 6 000 m (Kailash : 6714 m), à laquelle s’accole la chaîne septentrionale du Gangdisiri, infléchit sa course pour former le bourrelet méridional du plateau tibétain du Changtang avant de disparaître dans le rebroussement birman. Le Changtang est un immense ovoïde de plus de 800 000 km2 composé d’une succession de cuvettes endoréiques (environ 5 000 m) que cloisonnent des crêtes calcaires d’altitude relativement médiocres (qui atteignent rarement 7 000 m) et d’orientation générale est-ouest.

Au nord du Karakoram et des chaînons secondaires des Gunjerab et Aghil, le Changtang s’amincit considérablement pour ne plus être qu’une dépression séparant le Karakoram des Kuen Lun qui constituent le rebord septentrional de l’ensemble tibétain. D’altitude rarement supérieure à 6 400m, cette longue dorsale cristalline s’abaisse brutalement vers les (relatives) basses terres du Tarim et du Gobi. A l’ouest, le noeud des Pamirs est un système complexe que structure la dorsale de l’Hindou Kouch à laquelle se rattachent au sud l’éventail afghan et au nord le système de horsts et de grabens de l’Altaï. En altitude les fortes précipitations d’ouest entretiennent une végétation de pelouse alpine mise à profit par un pastoralisme nomadisant dans les vastes vallées de la Yarkand Daria et de la Raskam Daria.

Notes
233.

Ren Mei'e, An Outline of China's Physical Geography, Beijing, Foreign Language Press, 1985, Fig. 16.

234.

Pierre Birot, Les régions naturelles du globe, op. cit., p. 248.