A environ 75 km au sud-sud-est de Chushul, principale base militaire indienne dans l’est du Ladakh, est située la zone de Tashigang. Le litige porte là sur une bande de terre de forme quadrangulaire, d’orientation méridienne et d’une superficie d’environ 1 380 km2, de part et d’autre de l’Indus. Comme plus au nord, cette limite n’a pas fait l’objet d’un traité de délimitation moderne ; comme pour l’Aksai Chin, le territoire est circonscrit par les lignes revendiquées : à l’ouest, la ligne que le gouvernement chinois revendique comme frontière traditionnelle; à l’est la ligne tenue par l’armée indienne et qui forme la frontière de fait entre les deux Etats.
Le point de divergence entre les deux tracés se situe approximativement au mont Sajum (6 100m), à 79°3’ est et 33°20’ nord, sur un chaînon méridionale de la chaîne du Kailash. De là, la frontière respectée prend une direction méridienne pour atteindre l’Indus à 3 km en amont de la bourgade de Lungbale (vers 4 175 m d’altitude) ; elle remonte le cours d’eau jusqu’à la hauteur de Lagankhel ; puis reprend une orientation nord-sud sur la ligne de crête bordant à l’est le cours de la Koyul Lungpa, demeurant ensuite sur la crête formant la limite sud du bassin supérieur de la Hanle jusqu’à l’Imis la.
La frontière revendiquée bifurque vers le sud une quarantaine de kilomètres à l’est du Sajum, à la hauteur d’un sommet d’altitude approximative 6020 m. Dans son trajet méridien, elle franchit le Chang la puis le Jara la avant de couper l’Indus à quelque 7 kilomètres en amont de Demchok. Elle suit alors la ligne de partage des eaux entre la Hanle et les tributaires de la Sutlej, au travers des cols de Charding la et Imis la.
Les enjeux territoriaux sont autres que ceux que l’on peut observer ailleurs sur le massif, parce que ce secteur, de haute altitude, est le seul de la longue dyade sino-indienne où les Britanniques aient mené à bien (quoique de façon unilatérale279) un travail de délimitation de frontière sur le terrain. Le tracé réalisé par la commission britannique des frontières entre 1846 et 1847 (et que revendique le gouvernement indien), en suivant les lignes de crête au nord de la vallée de l’Indus, devait assurer la sécurité de l’axe commercial allant de Leh à Lhasa, au moins jusqu’à Demchok. La position chinoise prive au contraire l’Inde d’un accès facile à la fois au Ngariskorsum et au Changtang.
Se reporter au chapitre 5, 2° partie.