La dyade débute au tripoint Inde - Chine - Bhoutan, sur l’interfluve séparant Kulong chu et Nyamjang chu, à l’extrémité nord de la frontière orientale du Bhoutan, telle qu’elle fut délimitée par les travaux de l’expédition Lightfoot en 1938285. La trijonction est localisée à 91°39’ nord et 27°52’ est selon les cartes indiennes et à 91°39’ nord et 27°44’ est sur les cartes chinoises, soit un écart significatif de quelque 15 kilomètres entre les deux versions du tripoint (mettant en cause une superficie de l’ordre de 100 km2 )286. Ce segment litigieux fait partie du “ secteur de Tawang ”, revendiqué par le gouvernement chinois parce qu’il fut doté d’un statut ambigu au cours des discussions indo-tibétaines de Simla : le territoire relevait de la souveraineté britannique, mais la fiscalité de celle de Lhasa. En outre, la frontière ne suit pas la ligne de partage des eaux, qui aurait impliqué que le Tibet cède au Raj toute la région de Tsona Dzong, mais sur une ligne secondaire qui coïncide, à l’est de la région de Tawang, avec celle des plus hautes crêtes.
A l’est du Tulung la (5 250 m) la frontière suit la ligne de crête du Grand Himalaya qui coïncide alors avec la ligne de partage des eaux, à une altitude relativement élevée : le Kangpo Kangri culmine à 7 090 m ; le Takpashiri Kangri à 6 655 m. A l’est de ce dernier sommet la frontière devient sécante d’un nouveau système hydrographique, celui de la Subansiri, affluent cishimalayen de rive droite du Brahmapoutre, qu’elle coupe par 28°26’ nord et 93°15’ est, vers 2500 m d’altitude : le Grand Himalaya sépare en fait le bassin versant de la Subansiri en deux ensembles de dimensions comparables. Deux rivières franchissent la chaîne : la Subansiri, qui au nord prend le nom de Chayul chu, et le Tsari chu, son principal affluent cishimalayen de rive gauche.
A l’est de la Subansiri, ligne de crête et ligne de partage des eaux coïncident sur près de 200 km, suivant une orientation générale sud-ouest, nord-est jusqu’au Namcha Barwa (7 755m), où le Grand Himalaya s’infléchit pour prendre une direction nord-ouest sud-est avant de disparaître dans le rebroussement birman. Le Tsangpo, qui longeait jusqu’alors la chaîne au nord, prend au droit du Namcha Barwa une orientation nord-sud et franchit la chaîne par une succession de profondes gorges, sans conteste les plus profondes de toute la chaîne.
Vers 29°18’ nord et 94°44’ est, la frontière abandonne la ligne de crête pour suivre une crête secondaire jusqu’au Dihong, qu’elle franchit à une altitude d’environ 580 m et remonte ensuite en altitude le long d’un chaînon secondaire du Kangri Karpo (5 639m). De ce sommet elle suit une orientation nord-ouest sud-est le long de la ligne de crête de rive droite du Zayul chu, jusqu’à la trijonction Inde/ Chine/ Birmanie à quelques kilomètres au nord du Diphu la (4 353m). Dans sa dernière section, la frontière sépare la Lohit, affluent de rive gauche du Brahmapoutre de ses sources : le Zayul chu, qui est l’émissaire le plus oriental du système indo-gangétique.
“ India and the Mongolian Fringe ”, rapport de Sir Olaf Caroe, cité par Parshotam Mehra, The north-eastern frontier, vol 2, Delhi, O.U.P., 1980, p. 117. L'absence de documents publiés relatifs à sa définition fait que plusieurs auteurs considèrent cette frontière comme non définie par traité, dont A. Lamb. Elle fit pourtant l'objet d'une rectification de tracé en 1974-1975 : Ram Rahul, The Himalaya as a frontier, Vikas Publishing House, Delhi, 1978, p. 99.
Pour l'Inde : carte de Towang, AMS série U-502, feuille NG 46-2 (1963) et carte de l'Assam, NG 46 (1979); pour la Chine, carte extraite de D. Woodman, Himalayan frontiers, op. cit., p. 247.