A l’est et au sud du Tawang chu et de ses tributaires, le pré-Himalaya acquiert une profondeur moyenne beaucoup plus grande que dans le reste de la chaîne - plus d’une centaine de kilomètres -, ménageant des vallées d’altitude (à partir de 3 000 m) d’orientation générale nord-ouest, sud-est jusqu’au Dihong, où la virgation de la chaîne impose aux vallées une nouvelle orientation, nord-sud. Mais le peuplement actuel délaisse ces vallées hautes et se concentre surtout à basse altitude, sur les bords de la vallée du Brahmapoutre, et dans les vallées adjacentes, jusque vers 1 200-1 500 m287. Il en est de même sur le versant chinois où les plus fortes densités sont localisées en rive gauche du Tsangpo.
La présence humaine est peu importante : si sur le versant nord de la chaîne, les densités sont de l’ordre de 0,4 à 0,7 habitants par km2 (districts de Cona, Mêdog, Zayü), au sud, elles sont plus fortes mais n’atteignent que 7,5 habitants par km2 (moyenne de l’Arunachal Pradesh), et constituent les densités les plus faibles de l’Union indienne. Le peuplement est diffus, en hameaux ou villages dispersés dont peu atteignent 5 000 habitants : les seuls centres urbains notables sont Itanagar, ville nouvelle fondée en 1974 pour être chef lieu de l’Union Territory d’Arunachal Pradesh288, et Tezu, de taille comparable, au bord de la Lohit. C’est dans ces villes, ainsi que dans les villages promus chefs-lieux de district et de tehsil, que se concentre le peuplement indo-européen, représenté surtout par l’administration et par l’armée, et en pourcentage croissant, par les populations venues “ de l’Inde ” mais aussi du Bangladesh voisin. Dans ce secteur de l’Himalaya, la frontière demeure tracée dans un espace tibétain, mais les modalités de contrôle des territoires de part et d’autre sont altérées. S’amorce ici une configuration qui préfigure dans une certaine mesure la complexité ethnique des marches sino-tibétaines ainsi que celle observable de part et d’autre de la dyade sino-birmane. Ces régions disposèrent en outre d’une large autonomie de fait jusqu’à l’époque actuelle : si les premières ont échappé jusqu’au milieu du XXème siècle à tout contrôle administratif, la seconde demeure pour une large part assez mal contrôlée par les gouvernements qui ont la charge des territoires frontaliers.
J. Dupuis, L'Himalaya, Paris, PUF, 1982, p. 118.
Population de 16 500 hab. en 1991.