iv- Les Frontières Du Pakistan

Le plus occidental des Etats du sous-continent indien a, exception faite de l’extrémité septentrionale de la dyade indo-pakistanaise (une soixantaine de kilomètres, soit moins de 1% des limites de l’Etat), une enveloppe frontalière totalement définie par des traités, conventions ou accords.

Ceux ci sont relativement récents : leurs dates de signature s’échelonnent de la fin du XIXème siècle (ligne Durand) à la fin du XXème siècle (Ligne de Contrôle Effectif entre les deux Cachemires). L’actualité de la délimitation recouvre en fait deux périodes distinctes de l’histoire de la région :

Différenciées par leurs origines, ces frontières le sont aussi par leur degré de reconnaissance diplomatique. Leur fonctionnalité, esquissée plus haut, est avant tout religieuse vis-à-vis de l’Inde, mais moins tranchée vis-à-vis de l’Afghanistan, en discordance avec les ruptures du fond de carte ethno-religieux. Pourtant l’héritage, refusé d’un coté (surtout pour le choix imposé alors de la souveraineté du Cachemire), est accepté de l’autre, malgré son caractère indéniable d’héritage colonial d’une frontière avant tout stratégique, qui marquait la limite occidentale du British Raj (et qui pourrait dès lors être perçu comme une frontière imposée, sujette à polémique)312.

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Figure 21 : La frontière indo-pakistanaise.

Au regard du droit international, la limite septentrionale de la frontière indo-pakistanaise s’achève au sud de la ville de Kathua, en rive droite de la Ravi et la section plus au nord ne concerne plus directement le Pakistan puisqu’elle est en théorie sous la juridiction du gouvernement de l’Azad Kashmir. Mais ce dernier n’a ni les moyens techniques (policiers ou militaires) ni les moyens légaux (n’étant pas reconnu comme sujet de droit international) de contrôler cette frontière. De fait sa surveillance demeure, depuis le cessez le feu de 1949, sous la responsabilité de l’armée pakistanaise, et dans une moindre mesure, des forces de l’ONU au travers de l’United Nations Military Observatory Group for India and Pakistan (UNMOGIP), qui est la plus ancienne mission d’interposition de l’ONU.

A l’extrême nord du territoire contrôlé par le Pakistan se trouve une autre section himalayenne de la longue enveloppe frontalière du pays, qui le sépare de la Chine. Là aussi, le statut de la dyade ne saurait être considéré comme “ définitif ” même s’il est défini par traité, puisque remis en cause par l’Inde, puisque le traité précise qu’il définit la frontière entre le Xinjiang chinois et les territoires sous le contrôle effectif du Pakistan.

Notes
310.

Cette frontière est hors du champ d'étude du présent travail, mais nous y ferons toutefois fréquemment allusion. Pour une vision complète de la dyade afghano-pakistanaise, se reporter à M. Foucher, Les frontières du Tiers Monde, une géographie géopolitique, 4° partie, thèse, 1986.

311.

M. Foucher, Fronts et frontières, Fayard, Paris, 1991, p. 335.

312.

C'est d'ailleurs un aspect original de cette dyade, totalement acceptée par le Pakistan, qui en a la charge, mais non reconnue par l'Inde.