un Ensemble Hétéroclite De Tracés Et De Revendications

Les configurations frontalières en Himalaya paraissent peu affectées par les variations de milieu puisque ces dernières ne jouent de rôle significatif qu’à très grande échelle. Ne sont non plus déterminants ni les limites de peuplement ni les changements ethniques ou linguistiques actuels puisque les frontières sont, sauf à l’extrême ouest du massif, tracées sur une aire de peuplement tibétain a priori homogène.

Tout au moins nous pouvons observer que les supports qui ont été privilégiés sont les lignes de crête et les lignes de partage des eaux, qu’elles coïncident ou pas, tout au long du massif. C’est somme toute un choix “ classique ” de support de frontière dans un milieu de montagne, mais l’affirmation doit être tempérée dès lors qu’on compare les supports des tracés observés à ceux des tracés revendiqués : dans une configuration de terrain faiblement accidenté ou lorsque les tracés sont sécants des rivières, les logiques militaires, celles qui relèvent de la tactique, de “ l’avantage terrain ”, ont été préférées.

Dans les négociations, une volonté de préservation des pratiques locales est identifiable, mais ce soucis de tenir compte des pratiques sociales ne vient-il pas surtout parce qu ’elles coïncident, pour certains lieux, avec les impératifs de la tactique, dans ces conditions de milieu spécifiques? C’est clairement la logique de la Chine, compte tenu des positions qu’elle détient par négociation ou occupation, qui privilégie l’acquisition de limites lui assurant un avantage tactique sur le voisin, les Etats du sud.