Ceux qui furent sans doute les principaux “ traceurs de frontières ” de la couronne britannique (à qui on doit le dessin de plus de 36% des frontières asiatiques) ont a priori négligé les pratiques de délimitation jusque là employées par les Etats qu’ils assujettirent, privilégiant une expérience acquise autant dans le reste de l’empire qu’au Royaume-Uni412. En Inde comme en Chine existait pourtant une longue expérience de gestion des limites de la souveraineté politique et fiscale, allant jusqu’à la démarcation413.
L'Irlande fut, selon Michel Foucher, un formidable terrain d'expérimentation de toutes les pratiques de gestion et de délimitation de l'espace, comme le fut la marche d'Ecosse au Moyen Age. Sur la question des pratiques anglaises pré-coloniales, on pourra se reporter à Robert Bartlett et Angus MacKay (édit.), Medieval Frontier Societies, Oxford, Clarendon Press, 1989.
Ce qui compte n'est pas tant l'antiquité de la pratique de délimitation que son usage continu. A ce titre, l'histoire de la région en question ne connu pas, comme en Europe, de Moyen Age “ dé-limitant ” où les pratiques carolingiennes furent oubliées, où la théorie féodale du domaine s'imposa face à la théorie romaine de la souveraineté.