Le territoire de l’Aksai Chin, contesté entre l’Inde et la Chine, est administrativement rattaché au Ladakh, lui-même région de l’Etat de Jammu & Kashmir (J&K) : à l’ouest de la chaîne, l’interaction sino-indienne se complique par le voisinage du Pakistan, d’un Etat en tension ouverte avec l’Inde, précisément pour la possession de ces territoires qui sont partagés entre les deux pays depuis le conflit de 1947-1949. La Ligne de Contrôle Effectif a aboutit à la partition de facto de l’Etat du Cachemire en deux entités territoriales bénéficiant, au sein de leur Etat-hôte, d’une relative autonomie constitutionnelle : L’Azad Kashmir et le Jammu & Kashmir.
au nord et à l’ouest les agences de Gilgit et du Baltistan forment les Federal Administrated Tribal Areas (FATA), administrées directement au niveau fédéral1009. Ils ne furent pas “ libérés ” en 1947, mais les autorités locales mutinées se rallièrent spontanément au Pakistan, entraînant l’abolition des micro-Etats de Hunza, Nagar, Punial, Yasin, Ishkoman et Gopi et leur transformation en subdivisions du district de Gilgit1010;
Au sud-est, le territoire du Cachemire qui demeura aux mains des “ libérateurs ” à l’issue des combats, et qui regroupe une partie des districts de Muzzafarabad, Poonch et Mirpur, est devenu l’Azad Kashmir (AK). Il dispose en théorie de son propre gouvernement, mais demeure sous le contrôle politique et la protection militaire du Pakistan1011.
la zone collinéenne du Jammu, peuplée par une majorité hindoue, abrite pendant la saison d’hiver le gouvernement de l’Etat ;
isolées de celle-ci par le Pir Panjal, la cuvette du Cachemire et les basses vallées adjacentes (jusque vers 3000m environ) sont occupés par les cachemiri, de confession musulmane sunnite, qui ont ravi depuis près de quarante ans le “ leadership ” de l’Etat aux autres groupes sociaux, sous la férule de Sheik Abdullah puis de son fils Farooq Abdullah ;
la cuvette est dominée du nord à l’est par un ensemble de chaînes et de hautes vallées, le Ladakh. Minoritaires par leur nombre, mais occupant les deux tiers de l’Etat, les ladakhi (qu’ils soient de confession bouddhiste ou musulmane) disposent d‘une identité à base ethnique préservée par leur long isolement.
Ces deux territoires, que chaque gouvernement considère légitimement comme sien, font l’objet de revendications croisées dont rendent compte les terminologies en usage chez les uns et les autres : appelé Azad Kashmir (Cachemire Libre en ourdou) par ses fondateurs, le territoire représente pour l’Inde le Pakistan Occuped Kashmir, auxquels sont associés dans le terme les districts de Gilgit et du Baltistan. Il en est de même pour l’Etat indien de Jammu & Kashmir qui est, de l’autre côté de la Ligne de Contrôle Effectif, considéré comme Occuped Kashmir.
Le sentiment de propriété des gouvernements sur ces territoires se retrouve jusque dans les données statistiques des deux pays, puisque l’office statistique pakistanais prend en compte ces régions montagneuses du nord, même si ce n’est qu’en annexe des recensements, tandis que le gouvernement indien ne cesse de comptabiliser des populations et des territoires qu’il ne contrôle plus depuis 45 ans, bien qu’il soit obligé, pour la quasi-totalité des rubriques, de préciser que les données ne sont pas disponibles1013.
précisons Que Le Terme De Cachemire A Un Double Sens : C'est D'un Point De Vue Historique L'ensemble Des Terres Du Royaume Du Cachemire, Mais Il S'applique Géographiquement À La Seule Vallée De Srinagar, Occupée En Son Centre Par Le Lac Dal.
Mais ce terme n’est guère employé par l’administration pakistanaise : pour éviter toute confusion avec d’autres FATA, ceux de la Province Frontière du Nord-Ouest, les deux régions ont conservé leur nom d’origine (Agence de Gilgit et Baltistan).
Le statut des FATA est longtemps demeuré tel que sous l’administration britannique lorsqu’elle fut mise en place après la campagne militaire victorieuse que le British Raj mena contre le Mir de Hunza en 1897, dirigé depuis par un Political Agent.
Le président - élu - est toujours choisi comme un proche du pouvoir à Islamabad. Le pouvoir réel est entre les mains d’un Joint Secretary to the Ministry of Kashmir, qui est conjointement Chef Advisor to the Aazad Kashmir Government. C'est cette fiction d'autonomie que reprochent régulièrement les "Azadi".
Il est vrai que de 1989 à 1996, le cadre institutionnel normal fut suspendu de façon quasi continue et remplacé par l’administration directe du gouvernement central dans le cadre de la “ president’s rule ”.
Notons que c’est aussi le cas pour les districits tibétains de Zayu et de Cona qui sont représentés comme s’étendant sur 3 des 4 districts de l’Arunachal Pradesh, mais dont les données statistiques ne restituent que la situation au nord de la frontière.