Si le Jammu est parfaitement intégré au réseau de communication de l’Inde1014, le reste de l’Etat n’y est relié que par une route : la Highway n°1a, et par plusieurs lignes aériennes depuis Delhi et Simla. Une dizaine d’heures sont généralement nécessaires pour relier Jammu à Srinagar par cet axe routier souvent obstrué en hiver par la neige et fréquemment coupé en été par les pluies de mousson, qui entravent aussi les liaisons aériennes. La partition n’a laissé du Jammu qu’un étroit corridor (dont la largeur est par endroits inférieure à 8 km) entre le pied de l’Himalaya et le Pakistan. Les guerres indo-pakistanaises ont réduit le Cachemire propre à la seule cuvette de Srinagar jusqu’aux lignes de crête périphériques, et le Ladakh à sa seule partie majoritairement bouddhiste.
Ces zones ne sont reliées entre elles que par la route, condition indispensable à la survie du Cachemire indien. Pour en permettre l’existence, des populations musulmanes ont été intégrées à l’Inde plutôt qu’au Pakistan : la ligne de cessez-le-feu n’a fait qu’entériner une victoire difficilement acquise en 1948 par les troupes indiennes pour préserver la liaison Srinagar-Leh sans laquelle l’accès au Ladakh leur était pratiquement impossible. Une seconde route existe, reliant les plaines de l’Inde au Ladakh, par le Baralacha la (4891 m), mais si elle est légèrement plus courte (429 km depuis Manali au lieu de 434 km) est plus périlleuse : outre le Rothang la (3980m) qui permet d’accéder au Lahul, la route franchit le Baralacha la (4000m), le Lachalang la (5070m) et le Taglang la (5429m).
La route porte en elle cette réalité géostratégique : au nord-est de Srinagar, la LCE passe sur la ligne de crête qui la domine, seulement éloignée de quelques kilomètres à peine (en amont de Kargil, la distance est inférieure à 4 km). Une telle fragilité est lisible dans le paysage : les rivières ne sont pas franchies par des ponts “ en dur ” (dont les amorces sont pourtant visibles sur chaque rive) mais par des ponts “ Bailey ” (donc facilement démontables), tandis que leurs abords sont surveillés par des petits ouvrages défensifs.
Jammu-Tawi est la tête de pont des Northern Railways. Notons toutefois que le statut de restricted area qui affectait jusqu’à peu le Pendjab rendait difficile l’accès au J&K : les étrangers ne pouvaient s’y rendre qu’en empruntant un train “ non-stop ” jusqu’à Pathankot, ou un inter-state bus circulant de nuit.