ii- Formes Actualisées De La Présence Impériale

1) Les Instruments Économiques De L’intégration À L’inde

Jusqu’à la fin de l’année fiscale 1991-1992, l’Inde a destiné plus de 20 milliards de roupies à l’aide au développement en direction d’Etats plus pauvres, dont les deux tiers furent à destination des deux royaumes himalayens (Bhoutan 44% du total; Népal 22%), suivis par le Bangladesh1094. Les capitaux indiens ont été déterminants pour la mise en place de structures économiques modernes au Népal, versés en outre en majorité sous forme de subventions plus que de prêts, jusqu’au 6° plan quinquennal népalais (1980-1985)1095. Dans le cadre de l’aide au développement, l’assistance indienne s’est portée en priorité sur la construction d’un réseau routier moderne au Népal et au Bhoutan, qui a absorbé plus de 56% des subventions totales indiennes, de 1951 à 1989. Ce réseau routier en peigne est révélateur du rôle attribué par l’Inde au Népal comme au Bhoutan : ce sont des cul-de-sac, des annexes excentrées de la plaine gangétique et non plus ces royaumes intermédiaires entre Inde et Tibet.

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Figure 50 : Routes au Népal et au Bhoutan.
[Note: Sources : atlas divers]

Au Bhoutan, les axes de pénétration sont les premiers construits et une route de desserte des grands centres urbains ne viendra que plus tard. Il en est de même au Népal où le premier axe routier est-ouest ne fut pas construit dans le Pahar, mais dans le Teraï.

En 1956, la première véritable route est inaugurée : construite par l’Inde, la Tribhuvan Rajpath relie Katmandou à la frontière indienne. Elle est peu de temps après (1957 ?) doublée par la Siddharta Rajmarg qui unit Pokhara à la frontière, et auxquelles s’ajoutent d’autres routes qui toutes relient la frontière indienne aux villes du moyen Himalaya. Il faut attendre 1960 pour que soit mise en projet une route permettant des déplacements est-ouest dans le Teraï, sans passer par l’Inde. A la fin des années 1960, une seconde route est-ouest est construite, qui relie désormais entre eux les gros centres urbains du moyen Himalaya, Pokhara et Katmandou. Mais le prolongement de l’axe à l’est de Katmandou n’est toujours pas réalisé1096.

Si l’Inde détient toujours une position hégémonique au Bhoutan1097, où agit la BRO, au Népal son jeu est singulièrement compliqué par l'aide que fournissent d’autres Etats, dont la Chine. Le gouvernement chinois, fort de son expérience d’ingénierie routière acquise au Xinjiang et surtout au Tibet, a entrepris de relier son territoire à celui de ses voisins alliés par une “ route de l’amitié ” : la Chine est elle aussi maître d'oeuvre dans la construction de routes au Népal, ainsi qu’au Pakistan et en Birmanie.

Notes
1094.

Report on Currency and Finance, 1993-1994.

1095.

Soit 82% sous forme de subventions et 18% sous forme de prêts. Pour le 7° plan les prêts représentèrent 54% du montant total.

1096.

Le gouvernement japonais a entrepris depuis 1995 de financer la construction de la première route permettant de relier Kathmandu (en fait Banepa, le long de l’Arniko Highway) à Sindhuli, dans le Teraï oriental.

1097.

Voir ci-après, 3° partie du chapitre.