1.1.3 - Savoir empirique et savoir scientifique : la formation de techniciens qualifiés pour l’industrie

Parallèlement à la création de l’Ecole polytechnique, le Conservatoire national des métiers (1794) est chargé d’assurer une formation élémentaire en mathématiques et en dessin industriel aux artisans et à leurs enfants, afin de permettre le développement de la production industrielle. Cette école répond à un besoin, perçu avant la Révolution, d’obtenir des artisans ayant une qualification nouvelle.36

Puis, sous le Premier Empire, seront créées les Écoles d’arts et métiers. Elles joueront un rôle important, en particulier dans les secteurs de la métallurgie et de la mécanique, car elles dispensent un enseignement nettement orienté vers les applications industrielles.

A la suite d’une période d’apprentissage de douze mois, la durée des études est de trois ans. Une place centrale est donnée à des cours de technologie appliquée et à des séances de travaux pratiques en atelier. La technique est au coeur du système de valeurs. Leur formation se différencie ainsi de l’enseignement théorique et déductif, dispensé dans les grandes écoles.

‘« Leur savoir, fondé sur une approche scientifique, empirique et inductive, ne jouit pas du respect général et reste considéré, du moins par certains, comme prosaïque et vulgaire (les connaissances « nobles » étant essentiellement de nature théorique et déductive) . »37

Le recrutement s’effectue principalement parmi les enfants de la petite bourgeoisie et des couches populaires. En effet, écrit T. Shinn, la haute bourgeoisie de cette époque vise en général, pour ses fils, non des postes de techniciens de l’industrie, mais plutôt les carrières prestigieuses d’ingénieurs de l’Etat. Jusqu’en 1850, il y aura peu de contacts entre les ingénieurs des Corps de l’Etat et les techniciens de l’industrie. Ces écoles ne seront autorisées à délivrer le diplôme d’ingénieur qu’à partir de 1907.

Notes
36.

SHINN (T.) : ibidem, p. 47.

37.

SHINN (T.) : ibidem, p. 49.