2.1 - La création des écoles d’agronomie

Nous décrirons dans ses grandes lignes la genèse de l’enseignement supérieur agricole, en distinguant enseignement public et enseignement privé, afin de montrer les caractéristiques des formations et le profil des ingénieurs.

2.1.1 - La formation scientifique et agronomique des ingénieurs au service de l’Etat

L’historique de l’enseignement supérieur agricole peut être appréhendée selon trois grandes périodes100 : avant 1848, des établissements sont créés à partir d’initiatives privées ou sous l’impulsion de l’Etat. Ainsi sont fondées l’Ecole des haras et l’Ecole des eaux et forêts, pour répondre aux besoins de l’Etat.

De 1848, date du premier texte organisant l’ensemble de l’enseignement professionnel agricole public, à la veille de la première guerre mondiale, se développent simultanément l’enseignement professionnel et celui de l’agriculture dans l’enseignement général, mais la mise en place est très lente.

C’est ensuite la loi de 1918 qui devient la charte de l’enseignement agricole. Puis, la loi de 1941 renforcera le dispositif précédent.

Pour chacune de ces périodes, nous nous intéresserons essentiellement aux missions confiées à l’enseignement supérieur et aux orientations données à la formation.

Si l’utilité d’un enseignement agricole a été affirmée avec la Révolution, l’idée ne mûrit que très lentement101. Dans ce domaine, l’oeuvre de la Révolution n’est guère plus importante que celle de l’Ancien Régime, écrit Th. Charmasson102. Sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, l’intérêt pour l’agriculture se traduit par l’ouverture de plusieurs types d’établissements, résultat de l’initiative de particuliers ou de l’action de l’Etat.

La première initiative est attribuée à Mathieu de Dombasle qui, en 1822, crée près de Nancy une ferme-école, qui accueillera les fils des grands propriétaires et fermiers, considérés comme les mieux à même de faire évoluer l’agriculture. Deux de ses élèves ouvriront, à leur tour, des établissements célèbres : l’école de Grignon (1826) et celle de Grandjouan, près de Nantes. Conçue sur le même schéma, une quatrième fut créée, celle de la Saulsaie, dans l’Ain (1842). Elles se sont fixés pour but ‘« d’enseigner par des expériences et des procédés pratiques ...les théories et méthodes de l’agriculture perfectionnée ainsi que les arts qui concourent à son développement »’ 103. Le premier programme d’études de l’école de Grignon, publié en 1831, montre le souci d’associer enseignement théorique et enseignement pratique.

‘« L’école dispense un enseignement théorique et pratique des sciences et des arts applicables à l’agriculture et à l’emploi immédiat de ses produits. »104

L’action de l’Etat se traduit principalement par la fondation d’écoles destinées à former les cadres dont il a besoin : l’Ecole des haras (1823), l’Ecole des eaux et forêts (1824) et l’Ecole vétérinaire de Toulouse (1825). Elle se poursuit par la réorganisation du Conseil supérieur d’agriculture (1821). Celui-ci envisage la création d’un ministère spécial de l’agriculture et le développement de l’enseignement supérieur agricole en instituant des cours d’agriculture dans les établissements d’enseignement supérieur.105 Néanmoins, avant 1848, l’enseignement professionnel supérieur agricole reste très peu développé, les écoles des haras et des eaux et forêts répondant avant tout à des besoins spécifiques de l’Etat.

C’est à la deuxième République que revient l’initiative d’une politique de l’enseignement agricole. Le décret de 1848 établit le texte réglementaire d’ensemble pour l’enseignement professionnel agricole public. Le dispositif comporte trois niveaux106 :

au premier, des fermes-écoles, une par canton, sont destinées à la formation d’ouvriers agricoles et contremaîtres ; elles dispensent un enseignement essentiellement pratique ;

au second niveau, des écoles régionales d’agriculture, une par grande région, soit dix-huit à vingt, pour la formation des chefs d’exploitation. ‘« La théorie plus largement professée, viendra expliquer les faits et les contrôler par le raisonnement. »’ 107

au troisième niveau, un institut national agronomique assure la formation des professeurs et des ingénieurs ruraux. Conçue à la fois comme l’Ecole normale supérieure et l’Ecole polytechnique de l’agriculture, l’institut est chargé de former de ‘« hautes intelligences » pour aider à réaliser « une véritable révolution dans les sciences appliquées à l’agriculture »’.108

La division de l’enseignement en trois degrés, construite sur le rapport théorie pratique, reflète la hiérarchie sociale et la division du travail au sein de l’agriculture.

‘« L’option prise est donc de développer l’agriculture grâce à un solide encadrement technico-économique au sein d’importantes unités de production. Comme pour l’industrie, on forme des « élites » chargées de concevoir et de diriger, la main d’oeuvre n’ayant besoin que de connaissances limitées, acquises à l’école du village. »109

La mise en oeuvre de la loi aboutit à la création de 47 fermes - écoles, quatre écoles régionales110 et l’institut national agronomique (I.N.A.), qui constitue le niveau supérieur de l’enseignement agricole111.

Sous le Second Empire, la mise en place de l’enseignement est nettement ralentie, car la priorité est donnée au développement industriel.

‘« Pour les capitalistes du Second Empire, l’agriculture n’est que fournisseur de main d’oeuvre et lieu de prélèvement du capital économique nécessaire à la mise en place de grandes unités industrielles et commerciales. »112

Des fermes-écoles à peine créées furent fermées. L’institut national agronomique, jugé trop onéreux et ‘« d’un niveau beaucoup trop élevé pour les besoins de l’agriculture française »’ 113, sera supprimé en 1852. Les écoles régionales, au nombre de trois, constitueront le niveau supérieur de l’enseignement.

Tandis que la population agricole est de 7,2 millions de personnes, le nombre d’ingénieurs formés est très faible (une soixantaine de diplômes d’ingénieurs sont délivrés annuellement).114 L’enseignement agricole se développe principalement dans l’enseignement général tandis que l’enseignement professionnel ne bénéficie que d’un soutien modéré. Dans ce contexte, la diffusion de techniques nouvelles auprès des agriculteurs ne peut être que très limitée. Ces choix feront prendre à la France un certain retard par rapport aux pays voisins, en particulier l’Allemagne, qui a intensifié ses efforts dans ce domaine.

La Troisième République reprendra, de manière active, le développement de l’enseignement agricole115 selon deux voies : l’une est liée à l’action d’enseignement et de vulgarisation des professeurs d’agriculture, l’autre est celle de l’enseignement professionnel et de ses différents niveaux.116

Pour l’enseignement supérieur (loi de 1876), le premier changement porte sur la transformation des anciennes écoles régionales en écoles nationales supérieures d’agriculture. L’école de Grignon reste en place tandis que les écoles de La Saulsaie et de Grandjouan sont installées, respectivement, à Montpellier117 et à Rennes. Ce changement s’accompagne d’une évolution de ces établissements (durée des études, renouvellement des programmes, augmentation du nombre d’élèves, recrutement au niveau du baccalauréat), qui leur permet d’être considérés comme d’enseignement supérieur118. Ils délivrent le diplôme d’ingénieur agricole.

Enfin, pour compléter cette réorganisation et renforcer le niveau supérieur, l’institut national agronomique fut rétabli en 1876. Pour le différencier des autres écoles, il fut décidé d’en faire « l’Ecole Polytechnique » d’agriculture. Les élèves devaient être titulaires du baccalauréat.

‘« Son enseignement fut donc résolument orienté vers la théorie pure, les études comportant seulement des travaux pratiques de laboratoire à caractère scientifique. Quant à la pratique agricole, elle serait désormais acquise par les étudiants au cours de stages sur de bonnes exploitations agricoles, d’abord pendant les vacances, ensuite à la sortie de l’école. L’établissement devait seulement disposer, aussi près que possible de Paris, d’une ferme suffisante pour servir de terrain d’expérience pour les professeurs et de domaine de démonstration pour les élèves. »119

A l’issue de leurs études à l’Institut national agronomique, les élèves ont la possibilité de se spécialiser à l’Ecole forestière pour les eaux et forêts, à l’Ecole des haras pour les sciences hippiques et, pour le professorat, à la Section normale supérieure. L’Ecole forestière et l’Ecole des haras deviennent des écoles d’application de l’Institut national agronomique (1887). A partir de 1892, le diplôme décerné au terme de deux années d’études est celui d’ingénieur agronome. Le nombre d’élèves augmente peu à peu : 26 en 1876, 87 en 1913, pour atteindre, par la suite 130-150 ingénieurs, ‘« chiffre tout à fait insuffisant pour un grand pays agricole ».’ 120

L’Ecole nationale d’horticulture, fondée en 1873, fut installée à Versailles.

‘« Elle devait donner, durant trois années, un enseignement de niveau supérieur, également réparti entre la pratique et la théorie. »121

La première école préparant aux carrières des industries alimentaires est fondée en 1893, à Douai. Toutefois, son intérêt est surtout régional ‘« pour répondre aux besoins en cadres moyens des brasseries, distilleries et sucreries de la région du Nord, dont les fabrications avaient pris un caractère industriel »’ 122 . De la même manière, un établissement est ouvert pour répondre aux besoins spécifiques de l’industrie laitière de l’est et du sud-est de la France (Ecole nationale de l’industrie laitière).

Avant la première guerre mondiale, le dispositif de l’enseignement supérieur agricole public compte douze établissements123. Au terme de leurs études, les ingénieurs agronomes entrent majoritairement dans la fonction publique ou deviennent « Professeurs d’Agriculture », ou encore reprennent la tête de grands domaines. Bien que l’agriculture française ait atteint une certaine prospérité, la formation professionnelle agricole est marginale. Comme l’a souligné M. Boulet, la masse des agriculteurs n’a pas accès aux établissements spécialisés et reste à l’écart de la modernisation des techniques de production. L’enseignement agricole public forme environ 2 300 jeunes, dont 300 dans l’enseignement supérieur.124

‘« En 1913, l’enseignement agricole ne concerne qu’environ 1% des jeunes entrant chaque année dans l’agriculture. »125

Si les réalisations et réformes successives prolongent l’oeuvre de la Deuxième République, les luttes idéologiques et politiques, particulièrement vives pour le contrôle de la paysannerie, ont pour conséquence une évolution très lente de l’enseignement agricole.126 Cette période voit l’extension de l’enseignement agricole privé.

La loi de 1918 constitue une nouvelle charte pour l'enseignement agricole. Après la guerre, la France se trouve face à la nécessité de relever le pays de ses ruines, en particulier par un effort de production agricole. Son objectif est d’industrialiser l’agriculture, notamment par la formation de tous les fils d’agriculteurs. La loi « sur l’organisation de l’enseignement professionnel agricole » complète le dispositif précédent, en apportant deux innovations principales : l’une qui ouvre le dispositif de formation agricole aux femmes127, l’autre qui institue un enseignement de base pour la masse des futurs agriculteurs en organisant les cours postscolaires et l’enseignement saisonnier128 (enseignement agricole d’hiver pour les garçons et enseignement ménager itinérant pour les filles).

Le développement de l’enseignement professionnel et celui de l’enseignement agricole dans l’enseignement général se poursuivent129. L’enseignement supérieur agricole se trouve renforcé, mais ses objectifs n’ont pas varié. Sa fonction est de former les futurs agriculteurs des grands domaines et les professeurs d’agriculture.

Dans le cadre d’entretiens accordés aux Archives nationales en 1985-86, Michel Cépède décrit la scolarité à l’Institut national agronomique, telle qu’il l’a vécue de 1926 à 1928.

‘« On devait avoir à peu près trois heures de cours chaque matin. Les après-midi, c’était ou des travaux pratiques, ou des excursions, ou des interrogations qui pouvaient se prolonger au gré des examinateurs...
Il y avait aussi, pour le stage, un rapport et un mémoire obligatoires, ainsi qu’un journal, qu’il fallait tenir jour par jour et heure par heure, et un rapport sur l’exploitation, puis un certain nombre de rapports supplémentaires destinés à telle ou telle chaire. L’année se terminait par des examens pratiques de sortie, en particulier à Nogent. Toute la promotion partait pour Nogent, où il s’agissait de reconnaître des plantes et de faire un exposé sur les conditions dans lesquelles on pouvait les trouver. » 130

En 1931, Michel Cépède est nommé professeur d’économie politique et d’économie rurale.

‘« A ce moment-là, l’Agro faisait partie des grandes écoles, ce qui n’était pas le cas des écoles nationales. Il y avait une espèce d’associations des grandes écoles, qui comprenait l’X, Normale supérieure, Centrale et l’Agro. Tout à la fin de l’avant-guerre, vers 1939, H.E.C. a été admis dans ce club, mais c’était assez fermé...
L’enseignement n’a pas beaucoup évolué pendant cette période. La preuve, c’est qu’on essayait de remuer un peu les choses en faisant des propositions. On voulait obtenir : deux ans de préparation, deux ans d’école nationale, avec la pratique, sur le terrain, aboutissant au titre d’ingénieur agricole, qui avec un an d’agronomie générale ensuite, devenait « ingénieur agronome »... mais ça ne s’est pas fait.»131

Les changements auront lieu après la Libération, puis après 1968, ‘« ...la différence entre les enseignements de base et les enseignements à option, avec des unités de valeur »’ 132.

Ce dispositif restera en vigueur jusqu’à la nouvelle législation sur l’enseignement agricole professionnel public, promulguée par le gouvernement de Vichy. L’Institut national agronomique, les écoles nationales d’agriculture (Grignon, Montpellier, Rennes) et les écoles spécialisées (Douai et Versailles) constituent, de fait, le niveau supérieur de l’enseignement agricole.133 La loi de 1941 reconnaît l’enseignement agricole privé, qui poursuit son développement en s’intéressant essentiellement à l’enseignement de base, notamment par la formule de l’apprentissage.134 L’enseignement agricole supérieur privé est ignoré.

Notes
100.

CHARMASSON (Th.), LELORRAIN (A.M.), RIPA (Y.) : L’enseignement agricole et vétérinaire de la Révolution à la Libération, I.N.R.P., Paris, 1992, p. V.

101.

Seules les écoles vétérinaires de Lyon et de Maison-Alfort avaient été fondées avant la Révolution (1761 et 1765).

102.

Ibidem, p. VIII.

103.

CHARMASSON (Th.), LELORRAIN (A.M.), RIPA (Y.) : Idem, p. XXIII.

104.

CHARMASSON (Th.), LELORRAIN (A.M.), RIPA (Y.) : Idem, p. XXIV.

105.

En 1836, le ministre du Commerce et des Travaux publics crée au Conservatoire des Arts et Métiers un enseignement public et gratuit de l’agriculture. Celui-ci comprend un cours de culture, un cours de mécanique agricole et un cours de chimie agricole et répond au souhait du Conseil de voir se développer un enseignement supérieur agricole. En 1837, est créée une chaire d’enseignement public et gratuit de l’agriculture à Bordeaux.

D’autres propositions portent sur l’enseignement agricole dans les écoles primaires et les écoles normales, la création d’une ferme modèle par département, à laquelle serait rattaché un institut agricole. L’objectif de ces instituts est de diffuser un enseignement essentiellement pratique tandis que l’ouverture de chaires d’agriculture viserait un enseignement de théorie agricole. Ces projets se concrétiseront peu à peu au cours du XIXe siècle, mais, dans l'immédiat, ils ne seront retenus que partiellement par le Ministère qui accorde plus d’importance aux sociétés d’agriculture et aux comices agricoles.

106.

CHARMASSON (Th.), LELORRAIN (A.M.), RIPA (Y.) : Idem, p. XLIV.

107.

CHARMASSON (Th.), LELORRAIN (A.M.), RIPA (Y.) : Idem, p. XLIV.

108.

BOULET (M.), DUVIGNEAU (M.) : « Histoire de l’enseignement agricole - 1750 - 1960, BOISANTE (J.L.) : L’enseignement agricole à l’horizon 2000, La Documentation Française, Paris, 1989, p.142.

109.

BOULET (M.) : « L’enseignement agricole entre l’État, l’Église et la profession », Annales Hist. Ens. Agri., I.N.R.A.P., Dijon, 1984, n°1, p. 87.

110.

Trois écoles existaient déjà (Grignon, Grand-Jouan, La Saulsaie), la quatrième ouverte dans le Cantal n’eut qu’une existence très éphémère. CHARMASSON (Th.), LELORRAIN (A.M.), RIPA (Y.) : op. cit., p. LI.

111.

BOULET( M.), MABIT (R.) : De l’enseignement agricole au savoir vert, Editions L’Harmattan, Paris, 1991, p. 14.

112.

Ibidem , p. 14.

113.

CÉPÈDE (M.) : « Controverses et avatars historiques », Annales Hist. Ens. Agri., I.N.R.A.P., Dijon , 1986, n°1, p. 19.

114.

BOULET (M.), MABIT (R.) : Op. cit., p.14.

115.

Loi sur l’instruction publique en 1878.

116.

BOULET (M.), MABIT (R.) : op. cit., pp. 15-16.

La loi de 1879, sur « l’enseignement départemental et communal de l’agriculture » prévoit la création d’une chaire d’agriculture par département au sein de laquelle le professeur départemental d’agriculture, prédécesseur de l’ingénieur des services agricoles, assure l’enseignement et la diffusion des connaissances techniques au moyen de conférences auprès des instituteurs et agriculteurs. Cette initiative est considérée comme l’une des plus significatives en matière d’enseignement agricole. C’est la période où les stations agronomiques se multiplient de façon à donner aux professeurs d’agriculture les moyens de développer leur action de vulgarisation.

Le gouvernement s’attache à mettre en place un enseignement pour tous les agriculteurs, en créant les écoles pratiques d’agriculture (1875), niveau moyen de l’enseignement professionnel. Elles ont pour mission de dispenser un enseignement théorique et pratique adapté au milieu naturel et aux caractéristiques de l’agriculture pratiquée dans la région. Destinés à accueillir les fils des agriculteurs dès leur sortie de l’école primaire, ces établissements n’auront qu’un faible essor en raison de leur coût et de la durée des études (deux ans) qui éloignent les enfants de l’exploitation familiale. Le niveau élémentaire est constituée par les fermes-écoles.

117.

MAURIN (Y.) :  « L’Ecole nationale d’agriculture de Montpellier au service de la viticulture de 1871 à 1900 », Annales Hist. Ens. Agri., I.N.R.A.P., Dijon., 1986, n°1, pp. 59 - 64.

L’installation de l’école à Montpellier, en 1870, est plus qu’un simple transfert, elle est l’occasion de créer une école d’un type nouveau où l’on pratique à la fois « l’agriculture positive » et « l’enseignement scientifique ». Deux principes nouveaux doivent être mis en application : « d’abord aller étudier l’agriculture là où elle réussit le mieux, faire de l’agriculture positive, ensuite réaliser un enseignement technique fortement constitué, c’est à dire posé dans des cours spéciaux et avec le concours de la science la plus autorisée, les principes sur lesquels repose la mise en valeur du sol et de l’industrie agricole. »

118.

CHATELAIN (R.) : « Historique », L’Enseignement agricole, La Formation Professionnelle et la Promotion Sociale Agricoles, Regards sur la France, S.P.E.I., Paris, 1968, n° 41, p. 7.

A leur création, les écoles régionales avaient des difficultés de recrutement. Pour tenter d’y remédier, elles avaient du abaisser l’âge d’admission à 15 ans. Cela s’explique par le fait que dès l’ouverture de l’Institut Agronomique, les fils des grands propriétaires avaient délaissé ces établissements du second degré pour l’école supérieure nouvellement créée. Les petits et moyens exploitants, généralement pleins de méfiance pour la théorie et se jugeant fort capables d’apprendre « la pratique » à leur fils, s’abstenaient de les envoyer dans les écoles régionales. La disparition de l’institut en 1852 eut pour effet immédiat un relèvement du niveau de ces écoles ; la clientèle « supérieure » revint vers ces établissements qui multiplièrent dès lors leurs efforts pour se hisser progressivement au rang de l’institut supprimé. L’arrêté de 1908 vint consacrer cette ascension en substituant à leur diplôme celui d’« ingénieur agricole ».

119.

idem, p. 8.

120.

DUBY (G.), WALLON (A.) : Histoire de la France rurale, Tome III, Seuil, Paris, 1976, p. 420.

121.

CHATELAIN (R.) : Op. cit., p. 7.

122.

CHATELAIN (R.) : op. cit., p. 10.

1893 : création des sections agricoles dans les écoles primaires supérieures.

123.

En 1881, Gambetta dote l’agriculture d’un ministère à part entière. « L’intention était politique : il s’agissait d’apprendre la République aux paysans, de les soustraire à la domination subie ou acceptée, des grands propriétaires terriens. Dès sa création, l’enseignement agricole se trouve placé sous sa tutelle.

124.

BOULET (M.), MABIT (R.) : op. cit., p. 18. En 1911, on dénombrait 5 300 000 exploitations agricoles.

125.

BOULET (M.) : « L’enseignement agricole entre l’état, l’église et la profession », Annales Hist. Ens. Agri., I.N.R.A.P., Dijon., 1986, n°1, p. 88.

126.

BOULET (M.), MABIT (R.) : op. cit., p. 18.

127.

CHATELAIN (R.) : op. cit., p. 10.

En 1912, fut créée une Ecole supérieure d’enseignement agricole et ménager, destinée à former les femmes d’exploitants et les professeurs des écoles ménagères agricoles des degrés inférieurs (au nombre d’une trentaine). Elle fonctionna à l’Ecole nationale d’agriculture de Grignon pendant les vacances des élèves masculins.

128.

CHATELAIN (R.) : op. cit., p. 11.

129.

1922 : création de l’Institut technique de pratique agricole à Paris. L’enseignement de niveau supérieur est étoffé et répond à plusieurs exigences. La première, liée au développement accéléré des sciences et des techniques, contraint les grandes écoles à relever progressivement leur niveau. Au sommet de la hiérarchie, l’Institut national d’agronomie délivre le diplôme d’ingénieur agronome, tandis que les autres établissements délivrent un diplôme d’ingénieur agricole. A partir de 1920, l’école de Douai délivrera le diplôme d’ingénieur des industries agricoles. Puis, ce sera l’Ecole de Versailles en 1927. Il s’agit ensuite de diversifier les sections d’application, ce qui se traduit par la mise en place de nouvelles écoles : l’Ecole supérieure du génie rural (1919) et cinq « sections d’application » accessibles aux ingénieurs agricoles (1920) : sciences physiques, chimiques et naturelles, mutualité et coopération agricoles, mécanique agricole, agriculture, enseignement agricole. Puis vint, en 1937, la section des études supérieures de la vigne et du vin. Enfin, les jeunes filles devaient avoir les mêmes possibilités que leurs collègues masculins. En 1917, l’Institut national agronomique leur ouvre ses portes, puis en 1923, est créée l’Ecole nationale d’agriculture pour jeunes filles, à Rennes.

130.

BLANC (B.), RICHEFORT (I.) : « L’institut national agronomique de 1926 à 1980, Entretiens avec Michel Cépède », Annales Hist. Ens. Agri., I.N.R.A.P., Dijon, 1989., n°3, pp. 53-54.

131.

ibidem, p. 54.

132.

ibidem, p. 54.

133.

CHARMASSON (Th.), LELORRAIN (A.M.), RIPA (Y.) : op. cit., p. CXLIV.

134.

CHATELAIN (R.) : op. cit., p. 16.