3.2.1 - Des contenus centrés sur l’exploitation agricole et son environnement

Les savoirs ont été sélectionnés en fonction d’un objectif principal : la connaissance et la maîtrise des fonctions de l’exploitation agricole, ainsi que des diverses activités professionnelles qui s’y rapportent.

‘« C’est pourquoi la formation est centrée sur un pôle unique : l’exploitation agricole. C’est en fonction de ce pôle que s’organisera la vie professionnelle du futur ingénieur en agriculture, soit comme praticien à l’intérieur de l’exploitation, soit comme un ingénieur des organisations professionnelles, support de l’activité agricole, soit comme cadre d’entreprise commerciale ou industrielle en amont ou en aval de la production agricole. »264

L’exploitation agricole donne cohérence et unité à l’enseignement, conçu de telle sorte que l’élève-ingénieur acquière une connaissance pratique des réalités agricoles sous leurs différents aspects. Il est scientifique à la base, pluridisciplinaire quant aux matières enseignées,

‘« il le conduit à découvrir les autres activités liées à l’exploitation agricole considérée dans son environnement scientifique, économique et politique »,’

polyvalent quant aux techniques,

‘« il lui permet de se préparer aux diverses activités liées aux productions végétales et animales »,’

concret dans son application,

‘« il met le futur ingénieur en contact avec la réalité d’un monde qui sera le cadre de sa vie professionnelle ».265

De ces objectifs découlent des secteurs d’enseignement qui forment la substance du curriculum.

A partir de 1976, les matières enseignées sont regroupées en cinq secteurs : sciences fondamentales, agronomie, zootechnie, sciences économiques et juridiques et formation humaine. Chaque secteur a défini son programme en lien avec l’orientation générale, car ‘« l’élève doit recevoir un enseignement polyvalent et coordonné »’ 266.

L’une des caractéristiques du curriculum est que la sélection des contenus s’exerce sur des domaines d’enseignement et pas seulement sur des matières ou disciplines. L’organisation du savoir, construite autour de l’exploitation agricole, place les contenus dans une relation ouverte. Trois secteurs : Agronomie, Zootechnie et Sciences économiques et disciplines juridiques, énoncent les compétences professionnelles que le futur ingénieur devra acquérir tout au long de sa formation, tandis que les objectifs de l’enseignement fondamental sont entièrement déterminés par les exigences des secteurs d’application.

Des enseignements dans les disciplines des sciences de la nature et de la vie, des structures et de la matière et des techniques quantitatives contribueront à doter le futur ingénieur de la base scientifique nécessaire pour aborder les autres disciplines.

Deux secteurs : agronomie et zootechnie, se trouvent en étroite interrelation, car ils partagent une référence théorique commune : l’analyse systémique. Utilisée tout d’abord pour les productions végétales, elle sera ensuite étendue aux productions animales. Elle définit un cadre théorique de réflexion pour le futur ingénieur en agriculture. Ces enseignements, proposant un mode d’approche de la réalité qui diffère du modèle des sciences expérimentales, représentent environ un quart de la formation de l’ingénieur I.S.A.R.A. (cf. annexe 2, document 1 : Répartition des volumes horaires des secteurs d’enseignement et de leurs coefficients).

Cette approche s’est développée en France dans les années soixante-dix, sous l’impulsion des agronomes et économistes de la recherche (I.N.R.A.) et de l’enseignement267 (E.N.S.S.A.A. de Dijon).

‘« L’approche systémique est fille à la fois du structuralisme, de la cybernétique et des développements récents de la biologie d’une part, de l’observation de l’activité agricole et des progrès de l’agronomie et des sciences sociales d’autre part. »268

A l’I.S.A.R.A., pour des raisons qu’il conviendra d’éclaircir, les sciences sociales et, plus précisément, la sociologie se sont peu mobilisées sur ce type d’approche.

Le secteur « Sciences économiques et Disciplines juridiques » s’est fixé des objectifs qui ne relève pas en premier lieu de la logique des disciplines (économie et droit), mais de l’activité professionnelle de l’ingénieur.

‘« L’ingénieur en agriculture en son domaine d’activité professionnelle, aura besoin d’un certain nombre de connaissances et de méthodes en économie qui lui seront directement utiles. Le premier objectif de l’enseignement d’économie à l’I.S.A.R.A. sera d’apporter au futur ingénieur ces connaissances et ces méthodes, dont la nature découle des différents types d’activités professionnelles qu’il peut être amené à exercer. »269

Outre les objectifs généraux, qui sont pris en compte par tous les secteurs, par exemple les capacités d’analyse et de synthèse, ce secteur privilégie le caractère opérationnel de la formation, en recherchant à préparer le futur ingénieur à l’exercice de son métier : le conseil aux agriculteurs.

De 1976 à 1981, les matières enseignées par les différents secteurs270 varient peu, à l'exception de quelques aménagements. Sans porter atteinte à la cohérence globale du curriculum, ils visent à introduire une certaine souplesse et un début d’ouverture à des questions autres qu’étroitement liées à la production agricole. A partir de 1981, tous les étudiants bénéficient d’une formation à l’expression et à la communication et des unités de valeur271 sont introduites en ce sens en quatrième année.

Notes
264.

LAGET (E.) : Objectifs et programmes de l’enseignement, I.S.A.R.A., 1976, Avant-propos.

265.

LAGET (E.) : idem.

266.

RIAUTÉ (J.) : « Structures de l’enseignement », I.S.A.R.A., 1980, 5 p.

267.

BOURGEOIS (A.) : « Une application de la notion de système : l’exploitation agricole »; Agriscope, Vol. I, 1983, n° 1, p. 27.

268.

BOURGEOIS (A.) : « Une crise des méthodes », Agriscope, vol. I, 1983, n° 1, p.13.

269.

« Secteur des Sciences économiques et des disciplines juridiques, Objectifs de l’enseignement », I.S.A.R.A., 1976, p. 63.

270.

Plaquettes de présentation I.S.A.R.A., 1979-1982.

271.

La mise en place d’unités optionnelles en année terminale, envisagée dès 1974, avait été différée pour des raisons budgétaires. Les thèmes portent sur : le conseil technique en agronomie, la production de viande des ruminants et la valorisation des surfaces herbagères, la transformation et la conservation alimentaire, les changements dans l’agriculture française depuis 1945, la gestion de l’entreprise, le marketing et les études commerciales.

Les étudiants choisissent 2 unités sur 6. Chaque unité compte 12 demi-journées encadrées et 8 non encadrées. Il s’agit d’un premier pas vers l’enseignement optionnel.