- Le rôle des enseignements agricoles dans le cursus ne fait plus l’objet d’un consensus

‘« Comment faire de la « Production agricole » la référence permanente de l’ingénieur I.S.A.R.A., au regard des élèves, des candidats, de l’environnement ? Quel doit être « l’optimum de formation en production agricole » pour tous les élèves ? »495

Pratiquement, les enseignants sont invités à répondre à une question qui pourrait être formulée de la manière suivante : les enseignements agricoles doivent-ils encore être centrés sur l’exploitation agricole et en interrelations par l’intermédiaire de la référence commune à l’analyse systémique ? La réponse devrait être décisive, car elle permettra de préciser quelles sont les connaissances nécessaires à l’ingénieur en agriculture que l’école souhaite dispenser, compte-tenu des évolutions du métier d’agriculteur et de l’appareil d’encadrement. Elle pourrait également avoir des conséquences sur le type de code par ses répercussions sur le degré de compartimentation entre ces disciplines.

Le groupe chargé de mener la réflexion est représenté par un enseignant du département sciences et techniques de la production agricole. Ses conclusions s’appuient sur une analyse comparative des volumes horaires consacrés à la production agricole, pendant les quatre premières années, dans les autres écoles d’ingénieurs en agriculture et dans les E.N.I.T.A., complétée par des entretiens auprès d'une dizaine de personnes ressources : enseignants d’agronomie des autres écoles et représentants de la profession agricole et des industries agro-alimentaires.

Selon le volume horaire, deux groupes d’écoles se différencient : pour l'I.S.A.R.A., l'I.S.A., l'I.S.A.B. et l'E.N.I.T.A. de Bordeaux, la place accordée à la production agricole est comprise entre 25 et 30 % du volume horaire du tronc commun. En revanche, elle est nettement plus élevée pour l'E.S.A.P. (40%) et surtout pour l'E.S.A. (50%). Seules deux écoles, l'I.S.A.B. et l'E.S.A., réservent une place significative (20 à 30%) aux enseignements optionnels en lien avec les productions agricoles. Globalement, il ressort que l’I.S.A.R.A. et l’I.S.A. de Lille sont les écoles les plus proches496. La répartition entre les cours, travaux pratiques, travaux dirigés et visites, l’importance de l’agronomie par rapport à la zootechnie constituent des caractéristiques communes, alors que la place attribuée aux productions végétales et animales spéciales par rapport à l’agronomie et à la zootechnie varie selon les écoles. Par ailleurs, la rapport souligne que la plupart des établissements mais, surtout les E.N.I.T.A. en raison des modifications de leur cursus (recrutement après deux années préparatoires et non plus une, réduction des enseignements liés aux techniques agricoles), sont amenés à redéfinir le profil de leurs ingénieurs.

La commission conclut en rappelant que les bases théoriques constituent l'ossature de l’enseignement de la production agricole, et que seuls les supports d'application pourraient être optionnels.

‘« L'exploitation agricole est le point d'ancrage autour duquel se trouve bâti cet enseignement. »497

Elle n’envisage pas de réduction du volume horaire, mais propose divers ajustements, en vue d’améliorer l’image de cet enseignement au sein de l’école :

  • - accorder une plus grande place à l'enseignement interdisciplinaire, à l'intérieur du département et avec les autres départements ;

  • - tenter d'enrayer la tendance à une certaine démotivation des étudiants pour la production agricole en rendant l'enseignement plus attractif ;

  • - revoir l'information donnée sur l’école aux futurs candidats et réexaminer les critères d'admission en première année.

L’analyse comparative des pratiques, à partir des volumes horaires, n’a pas apporté d’éléments justifiant une remise en question des choix antérieurs. Considérant qu’un enseignement agricole fédéré autour de l’exploitation agricole devait rester la base de la formation, la commission n’a pas envisagé leur réduction. Pourtant, ses propositions n’ont pas trouvé d’écho au sein de l’école, montrant ainsi que le rôle des enseignements agricoles dans le cursus ne fait plus l’objet d’un consensus. Une nouvelle investigation sera entreprise en 1991, dans le cadre d’une réflexion sur l’ensemble du cursus.

Notes
495.

« Journées I.S.A.R.A. », I.S.A.R.A., 1989, 5 p.

496.

"Optimum de la formation en Production Agricole", I.S.A.R.A., 1990, p. 2.

497.

"Documents de travail - Journées I.S.A.R.A. - C.E.R.E.F. », 1990.