3.2.2 - Une nouvelle définition des compétences de l'ingénieur I.S.A.R.A.

Au début de l’année 1992, une commission est chargée de redéfinir les compétences de l’ingénieur I.S.A.R.A. Il s’agit d’un travail de longue haleine, qui mobilisera le groupe pendant plusieurs mois. Il a pour ambition de renouveler le référent de 1985, jugé trop proche du modèle initial et d’accélérer la mise en ordre d’un nouveau curriculum.

Abandonnant le triptyque savoir, savoir-faire, savoir-être, jusqu’alors en usage au sein de l’école, la notion de compétence est comprise comme ‘« un ensemble de connaissances, de capacités d’action et de comportements structuré en fonction d’un but dans un type de situations données ».521

Au terme de sa mission, la commission propose un référent comportant neuf compétences, classées selon quatre champs : le champ scientifique, le champ technologique, le champ du management, le champ relationnel. Pour chaque compétence, des objectifs intermédiaires ont été définis en référence à la taxonomie cognitive de B. Schwarz :

Le profil de l’ingénieur I.S.A.R.A. vise globalement le niveau 4. Parmi les composantes qui définissent les compétences finales de l’ingénieur I.S.A.R.A., citons : modéliser une réalité complexe, construire un corpus d’hypothèses et le mettre à l’épreuve, élaborer des scénarios pour favoriser la prise de décision, concevoir et mettre en oeuvre un programme d’actions concrètes.

Les départements ont été sollicités pour préciser le champ, la compétence visée et le niveau recherché pour chacune des disciplines.

Ce travail sur les compétences de l’ingénieur I.S.A.R.A a donné lieu à de multiples réunions, introduisant doutes, tensions et incertitudes, sans nécessairement contribuer à clarifier les débats sur le devenir d’une école supérieure d’agriculture et le profil de l’ingénieur I.S.A.R.A., dont les spécificités restent difficiles à définir.

A partir des documents de 1985-1986, de nombreuses questions ont été posées sur l’importance respective de la formation de base et de la formation au métier, les méthodes d’enseignement, la place de la pratique et de la théorie et le caractère généraliste ou spécialisée de la formation, sans que des réponses précises puissent être apportées. La voie qui s’impose au terme de ces discussions difficiles est celle qui donne les meilleures chances de s’adapter. L’école mettra l’accent sur le caractère évolutif de la formation.

‘« La formation permet de suivre l’évolution des emplois... des secteurs agricoles et agro-alimentaires... Dans une situation professionnelle évolutive, cette formation prépare aux changements de métier et à une carrière valorisante. »523

Les ingénieurs I.S.A.R.A. ne peuvent plus être formés en vue d'une identité professionnelle bien définie, en raison de l'évolution des fonctions des ingénieurs en agriculture ainsi que des orientations données par la loi d'orientation de 1984. Par ailleurs, les valeurs auxquelles l'école se référaient se sont affaiblies. Elles ne font plus vraiment partie des références culturelles de ses différents partenaires professionnels, que ce soient les représentants de la profession agricole, des organismes de développement rural ou encore des dirigeants des P.M.E. du secteur agro-alimentaire. C'est alors que les principales qualités que l'I.S.A.R.A. est en mesure de valoriser sont liées à des capacités d’adaptation, de façon à ce que les élèves-ingénieurs puissent faire face à des situations très diverses. Il ne souhaite plus se positionner sur le type d'hommes qu'il veut former. Cette question est renvoyée de manière implicite aux Facultés Catholiques qui, par ailleurs, proposent des modules de formation humaine à l'ensemble des étudiants.

Notes
521.

« Evaluer pour aménager le cursus d’enseignement - Le référentiel de compétences », I.S.A.R.A., 1992, p.1.

522.

Ibidem.

523.

« La formation à l’I.S.A.R.A., nos objectifs et notre projet pédagogique », Plaquettes I.S.A.R.A., 1992-1994.