1.1 - Des études de terrain qui répondent aux attentes des acteurs du monde agricole et rural

1.1.1 - Eléments méthodologiques

La mise en situation, en lien avec l’enseignement de la sociologie, a été pensée en référence à la démarche de recherche-action. C’est pourquoi la problématique de la scientificité est appréhendée à partir de trois éléments : la rupture avec les présupposés, la phase de construction de l’objet et le rôle joué par les valeurs de référence dans la définition de l’objet. Pour chacun sont précisés les indicateurs, définis en fonction des particularités de la démarche de recherche-action. Ils sont utilisés pour la comparaison du contenu des documents aux différentes périodes.

Toutefois, des précisions méthodologiques préalables sont nécessaires afin de spécifier les objectifs et les limites de la démarche. Il ne s’agit pas d’une évaluation du dispositif de formation sociologique de l’I.S.A.R.A., car notre position d’acteur en remet en cause la possibilité. En effet, rappelons avec C. Hadji que

‘ ‘« l’évaluation est l’acte par lequel on formule un jugement de « valeur » portant sur un objet déterminé (individu, situation, action, projet, etc.) par le moyen d’une confrontation entre deux séries de données qui sont mises en rapport :’ ’
  • ‘des données qui sont de l’ordre du fait, et qui concernent l’objet réel à évaluer ;’

  • ‘- des données qui sont de l’ordre de l’idéal et qui concernent des attentes, des intentions ou des projets s’appliquant au même objet. ’ ‘»’ 538

L’évaluateur cherche à mettre en correspondance un référent et un référé. Etre partie prenante du référent et du référé, cela implique de s’en tenir à la description, qui est aussi construction du référent. Une évaluation exigerait la constitution d’une équipe de recherche, que nous ne sommes pas en mesure d’envisager dans le cadre de ce travail.

Notre intention est de dévoiler les problèmes posés par les variations des finalités de la sociologie dans le curriculum réel. Les documents, rédigés dans le cadre de la formation en sociologie, constituent un corpus qui permet d’apprécier la contribution de la discipline à la formation scientifique des ingénieurs et de repérer les variations. Un échantillon d’études aurait pu être envisagé mais, dans un souci de distanciation, nous avons préféré partir d’une exploration systématique, quantitative et descriptive des documents, puis envisager l’analyse qualitative du contenu de 15 études.

L’analyse quantitative s’appuie sur l’ensemble des monographies et études socio-économiques rédigées de 1971 à 1994, soit 313 documents. Les résultats sont donnés en annexe  9.

La grille d’analyse comporte cinq volets, chacun comprenant une ou plusieurs questions. (cf. annexe 7 : grille d’analyse des études socio-économiques)

1)011QUOI ? Quels sont les thèmes d’étude ? (question n°1)
Les modalités correspondent aux rubriques de classement choisies (10) par la bibliothèque de l’I.S.A.R.A.

2)011POUR QUI ? Quels sont les commanditaires ? (question n°4)
Le nom des commanditaires a été enregistré sans classification préalable.

3)011QUAND ? Par quelle promotion ? (question n°2)

4)011POUR QUOI FAIRE ? Quels sont les objectifs de l’étude (questions n°5 et 6)

5)011COMMENT ? Ce volet comporte quatre items : la méthode, le contenu de l’analyse contextuelle, les résultats de l’enquête et les outils méthodologiques. A cela s’ajoute les nombres de pages du document principal et des annexes.

  • la méthode d’analyse est décrite par l’approche théorique (monographie, analyse typologique, analyse stratégique) (question n°26) et les références bibliographiques (questions n°28 à 35). Sont recensés les ouvrages et articles sociologiques cités (nombre, auteurs), les ouvrages et articles méthodologiques (nombre, auteurs), les sources statistiques (nombre), les références techniques et économiques (nombre d’articles et d’ouvrages).

  • le contenu de l’analyse contextuel et son importance dans le document (questions n°8, 9, 19).

Les modalités retenues ont été définies à partir des ouvrages de M. Jollivet et H. Mendras : « Les collectivités rurales françaises »539 et de R. Mucchielli « Psycho-sociologie d’une commune rurale »540.

La modalité « données sociales » de la question n°8 a été renseignée lorsque les documents comportaient des informations sur les divers secteurs d’activité, des données sur l’emploi en agriculture,  etc.

Les modalités « données économiques » et « données techniques » rassemblent des informations économiques ou techniques de type qualitatif ou quantitatif.

Les questions n°8 et 10, à réponses multiples, permettent de hiérarchiser l’importance des données dans un document. Les questions n°9 et 11 donnent la possibilité de ne pas accorder le même poids à une description très succincte et à une description plus approfondie.

  • les résultats des enquêtes menées par les étudiants (questions n°7, 10, 11, 20). La présence ou non de citations dans les documents (question n°7) constitue un indicateur pour apprécier l’importance accordée aux dires des acteurs. En référence aux consignes énoncées par H. Desroche, « Evitez une rédaction qui ne serait que citations et de même évitez une rédaction qui ne serait que votre texte »541, trois modalités ont été retenues. La modalité « quelquefois » signifie moins de dix citations dans le document. A la question n°10, la modalité « donnée sociale » est renseignée lorsqu’il est fait référence à des opinions, motivations, comportements, attitudes, etc. L’analyse comparative aurait pu utilement être enrichie par l’analyse des principaux mots-clés utilisés dans les documents mais, pour des raisons pratiques, ce travail n’a pu être engagé.

  • les outils de l’observation et de l’analyse des données sont décrits par le type d’enquête, le mode d’échantillonnage, le nombre d’entretiens et de questionnaires, le mode de traitement des données (questions n°12, 15, 16, 17, 18, 21, 22, 23, 24, 25, 28, 30)

  • le nombre de pages du document (questions n°13, 14)

20 études, tirées au hasard, ont servi à la mise au point définitive de la codification. Le traitement des données a été effectué à l’aide du logiciel de dépouillement d’enquête LE SPHINX.

Les résultats sont présentés sous forme de tableaux simples. Pour observer l’effet des variations de la place donnée à la sociologie dans le curriculum réel, les données ont été croisées avec la variable numéro de promotion, mise en classe. Elle prend en compte les changements du curriculum formel (passage à cinq ans (promotion  n° 19), et modifications apportées aux études socio-économiques (promotion n°23)). Sont également pris en compte la phase de mise en place du dispositif (promotions n°1 à 3) et le départ des premiers sociologues (promotion n° 12), faisant l’hypothèse que ces données pouvaient influencer le curriculum réel. La période 3 à 12 a été divisée en deux classes pour améliorer la lisibilité des résultats. Au total, ceux-ci sont répartis en six classes. Les commentaires s’appuient sur les résultats bruts et les tests du Chi2.

L’étude qualitative, complétant l’approche statistique, porte sur 15 documents, choisis de telle sorte que toutes les périodes soient représentées et que, pour un même thème, les questions traitées soient proches. (cf. annexe 8 : analyse qualitative des études socio-économiques, choix des documents). Elle s’attache à mettre en évidence les principales notions, qui servent à construire le cadre de l’analyse. (Les résultats figurent dans l’annexe 10).

Notes
538.

HADJI (Ch.) : L’évaluation, règle du jeu, Ed. E.S.F., Paris, 1993, p. 25.

539.

JOLLIVET (M.), MENDRAS (H.) (sous la dir.) : Les collectivités rurales françaises, A. Colin, Paris, 222 p.

540.

MUCCHIELLI (R.) : Psycho-sociologie d’une commune rurale, Ed. E.S.F., Paris, 1976, 189 p.

541.

DESROCHE (H.) : Apprentissage en sciences sociales et éducation permanente, Les Editions ouvrières, Paris, 1971, p. 124.