- la construction de l’objet

Dans le contexte des études de terrain de l’I.S.A.R.A, la construction, deuxième phase de la démarche scientifique, consiste principalement à étudier les logiques d’action des acteurs en fonction d’un projet de changement et à saisir les interrelations entre des variables psychosociales et des variables technico-économiques. Les deux phases : rupture et construction, apparaissent en interdépendance. En effet, une connaissance empirique partielle d’une collectivité locale, n’abordant que certaines dimensions de la réalité sociale, reste une approche construite sur des prénotions et des savoirs établis. L’analyse des situations singulières présuppose la pluralité et la complémentarité des approches.545 Ainsi, l’importance accordée à l’acteur et à l’analyse des interrelations avec son environnement sera déterminante pour permettre aux étudiants de rompre avec leurs préjugés et avec ceux des représentants de la profession agricole. C’est pourquoi l’analyse des logiques d’action des acteurs, approchée par l’étude qualitative des documents, est retenue pour décrire la phase de construction de l’objet.

Toutefois, il convient de préciser que le principe constitutif de la recherche-action, qui associe intention de recherche et volonté de changement des acteurs, présente des limites, lorsqu’il est mis en oeuvre dans le cadre d’une formation initiale. La recherche-action poursuit un objectif dual ‘« qui consiste à réussir un projet de changement délibéré et ce faisant, faire avancer les connaissances fondamentales dans les sciences de l’Homme »’ 546. Cette double finalité peut difficilement être prise en compte en formation initiale, en particulier pour définir l’objet. Le projet de changement ne peut être remis en cause par les acteurs ou par les étudiants, au cours de l’étude, en raison notamment des contraintes imposées par le calendrier de travail. La définition de l’objet est largement dépendante des acteurs, de leurs objectifs et de leurs impératifs. La période de pré-enquête a bien pour fonction de prendre du recul par rapport à la demande mais, s’agissant d’une première mise en situation pour les étudiants, cette possibilité se trouve nécessairement limitée. Par ailleurs, le dispositif ne peut fonctionner sans chercher à développer des applications pratiques issues de connaissances provenant d’autres recherches, se rapprochant ainsi d’une recherche appliquée. Il poursuit conjointement des objectifs de réalisation d’un projet et des objectifs de recherche appliquée.

Notes
545.

LIU (M.) : « Vers une épistémologie de la recherche-action », Revue Internationale de Systémique, vol. n°6, 1992, n°4, p. 448.

546.

LIU (M.) : « Présentation de la recherche-action : définition, déroulement et résultats », Revue Internationale de Systémique, vol. n°6, 1992, n°4, p. 294.