2.3.2 - L’importance de la sociologie dans la formation des ingénieurs en agriculture

Avec le recul, quelle importance les ingénieurs accordent-ils à la formation sociologique dans la formation d’un ingénieur en agriculture ? 93 % d’entre eux la jugent positivement (59 répondent qu’elle est très importante, 36 qu’elle est importante).

Les motifs sur lesquels se fonde le jugement ont été classés, selon quatre items (tableau n°12) :

Les réponses reprennent les éléments avancés précédemment. Les ingénieurs placent sur un même plan le savoir-faire (49 réponses) et l’ouverture qu’apporte la discipline dans leur formation scientifique et technique (44 réponses).

La capacité à analyser une situation, qui repose sur une capacité à se distancier par rapport à la réalité et sur la compréhension des problèmes sociaux et humains, constitue le savoir-faire le plus souvent cité.

‘« La capacité d’analyser une situation pour mieux utiliser les potentialités, la technique vient ensuite. » (n°32, 12ème promotion)’ ‘« Saisir les relations humaines et leurs enjeux. » (n°90, 22ème promotion)’ ‘« Formation vitale, car l’ingénieur intervient sur deux plans : la technique et les hommes. » (n°101, 24ème promotion)’

A ce titre, ils estiment que la sociologie doit avoir sa place dans la formation initiale d’un ingénieur en agriculture.

‘« Le facteur humain est fondamental dans toute fonction professionnelle, c’est la seule discipline qui l’aborde » (n°56, 18ème promotion).’ ‘« La discipline a du mal à s’imposer dans une formation scientifique, mais ce serait une grossière erreur de la minimiser ou de ne pas l’inclure dans la formation. Elle apprend à observer, analyser, expliquer les comportements humains et leurs interactions. (n°86, 22ème promotion)’

Toutefois, si la sociologie dans la formation initiale est utile à l’ingénieur de terrain, elle n’est pas suffisante pour ceux qui sont amenés à exercer une fonction de gestion des ressources humaines.

‘« Ceci dit, aujourd’hui, j’aimerai bien faire une formation au management, car je pense que l’on est un peu trop amateuriste » (n°8, 3ème promotion).’ ‘« Les relations Homme-travail -santé sont au coeur de ma fonction. Je compte, en 1997, suivre la formation « Sociologie de l’entreprise et conduite du changement » (...) La perception de la société, du rapport de l’entreprise avec le monde qui l’entoure en tenant compte de l’Homme doit concerner toute personne en prise avec le travail » (n°38, 14ème promotion).’

La comparaison par sous-groupes révèle une assez forte homogénéité des réponses ; toutefois, les plus jeunes diplômés mettent davantage l’accent sur l’importance d’un savoir-faire.

L’approche de la réalité dans sa complexité, une autre approche des problèmes que l’approche scientifique et technique, expressions plusieurs fois employées, rendent assez bien compte de l’ensemble des opinions. Le terme le plus usité pour dire ce qui fait l’intérêt de la discipline sur un plan général est « ouverture » (16).

‘« Une ouverture sur le monde, un domaine qui échappe un peu plus que les autres à l’emprise des techniques quantitatives » (n°43, 15ème promotion).’ ‘« Je trouve que c’est bien parce que cela nous permet de percevoir au delà de l’aspect économique, l’aspect humain des choses, au delà de l’aspect quantitatif, de percevoir l’aspect qualitatif des choses. »’

Après quelques années d’expérience professionnelle, les ingénieurs I.S.A.R.A. considèrent la sociologie comme l’une des composantes importantes de leur formation. Apprendre à appréhender un problème dans ses multiples dimensions et apprendre la capacité d’écoute constituent les apports les plus significatifs.