Introduction

« Personnalité et relations humaines »... deux termes articulés l’un avec l’autre et qui semblent ne pouvoir s’envisager l’un sans l’autre. Comment pourrait en effet émerger l’identité d’une personne sans le regard de son semblable en humanité, profondément étranger dans sa radicale altérité et paradoxalement miroir transparent de son unicité ?

Qui dit relations humaines évoque également la communication entre individus au moyen de signes codés, constituant un langage verbal ou non. De cette rencontre, comme le dit si bien Bachelard, naît la conscience de soi, de l’autre et de l’univers extérieur :

« Nous vivons endormis dans un monde en sommeil. Mais qu’un tu murmure à notre oreille et c’est la saccade qui lance les personnes. Le moi s’éveille par la grâce du toi (...). La rencontre nous crée : nous n’étions rien, ou rien que des choses, avant d’être réunis. Le je et le tu ne sont pas des pôles séparables » 1 .

« Personnalité et Relations Humaines » : ces trois mots constituent la dénomination d’un organisme de formation à la connaissance de soi et à la relation, PRH, fondé il y a plus de 25 ans par un prêtre, André ROCHAIS, anciennement frère enseignant de l’ordre de Saint Gabriel. Il entraînait à sa suite une équipe enthousiaste composée d’une majorité de religieuses et de quelques laïcs, portée par des valeurs communes inspirées du christianisme communautaire qui commençait à se développer dans la lignée du concile Vatican II.

PRH a connu un développement rapide et un essor important sur les cinq continents2, sans publicité ni support médiatique. Cet outil de formation à la connaissance de soi et aux relations humaines a tout d’abord séduit un public de chrétiens, dans le contexte brûlant des contestations sociales de mai 68. Aujourd’hui PRH tend à toucher des personnes d’origines et de confessions religieuses différentes (voire sans confession), qui continuent à bénéficier des nombreux moyens pédagogiques dispensés par l’organisme PRH.

Celui-ci se définit comme ‘« une psychopédagogie de la croissance des personnes et des groupes »’ 3, ayant pour but une humanisation des relations interpersonnelles grâce à la prise de conscience individuelle des potentialités et des carences de chacun. En outre, par un double travail d’actualisation de leurs ressources individuelles et de « guérison » de leurs blessures psychologiques (au moyen d’une méthodologie très systématique), PRH « tend à restaurer les personnes dans leur identité et à favoriser leur intégration dans la société ». 

Concrètement, elle propose différents modules de formation et s’appuie essentiellement sur un corpus d’une trentaine de sessions. Les formateurs PRH sont également habilités à recevoir des personnes en entretien d’aide individuel et à animer des « groupes d’intégration » destinés à approfondir le contenu des sessions.

Selon Jean Vernette, expert désigné par l’Eglise catholique pour réfléchir sur la question des sectes et sur l’apparition du « Nouvel âge » en France, PRH ‘« née en 1970 en France, n’est pas une thérapie « nouvel âge » mais se situe bien dans le courant de la psychologie dynamique (et en particulier de Carl ROGERS, psychologue américain) »’ 4.

Le fondateur de PRH eut en effet une révélation le jour où il découvrit l’oeuvre de ROGERS, et notamment l’ouvrage intitulé Le Développement de la Personne. Les observations qu’André ROCHAIS avait lui même conduites l’amenèrent à valider l’hypothèse du psychologue selon laquelle « fondamentalement, tous les hommes ont une orientation positive»5. ROGERS apporta ainsi au chercheur en sciences humaines qu’était André ROCHAIS les éléments conceptuels indispensables à l’élaboration de sa propre synthèse explicative des fonctionnements psychologiques de l’être humain, celle-ci fondant toute la pédagogie PRH.

C’est donc en vertu de cette conception dynamique et optimiste de la nature humaine (la personne étant actrice de ses propres changements et en capacité de croissance psychologique tout au long de son existence) que l’organisme PRH peut aussi prétendre s’inscrire dans le courant de la psychologie humaniste (pour le différencier du courant béhavioriste et du courant psychanalytique) ainsi défini par Edmond Marc dans son livre Le  g uide p ratique des n ouvelles Thérapies :

« Les différentes démarches qui se réclament de la psychologie humaniste... ont chacune leur spécificité. Elles ont en commun une certaine « philosophie », une certaine conception de l’homme qui s’exprime dans les notions de respect de la personne, de responsabilité, de liberté, de croissance, d’expérience, de rencontre, d’authenticité... Elles tendent également à révoquer une opposition trop marquée entre santé et maladie, en s’adressant aussi bien aux personnes « normales » qu’aux « névrosés » ; elles ont moins pour objectif de soigner ou de guérir une « maladie » que de permettre à chacun de se développer et d’épanouir ses potentialités, d’enrichir sa vie et son expérience, de rendre ses relations plus intenses et plus harmonieuses » 6 .

André ROCHAIS souhaitait en ce sens que sa méthode soit accessible à toute personne désireuse de se mettre en chemin de découverte d’elle même, quel que soit le poids de ses « traumatismes » passés.

De ce fait sa topologie de la psychologie humaine s’appuie sur la vision d’un homme fondamentalement sain. De plus, si PRH se définit comme un outil aidant les personnes à se restaurer dans leurs dynamismes vitaux,  il semble logique que la notion de croissance soit au coeur de sa méthodologie, bien avant celle de guérison.

Notes
1.

G. Bachelard, Préface à Je et Tu, de Martin Buber, Paris, Aubier Montaigne 1938, p. 9.

2.

PRH est actuellement implanté dans une quarantaine de pays, à partir desquels environ 300 formateurs diffusent la formation PRH à près de 20. 000 personnes chaque année.

3.

Plaquette de présentation de PRH, janvier 1990, p. 2.

4.

Jean Vernette, Le Nouvel Age, Paris, Pierre Tequi, 1990, p. 93.

5.

Carl ROGERS, Le Développement de la Personne, Paris, Dunot 1968, p. 24.

6.

Edmond MARC, Le Guide Pratique des Nouvelles Thérapies, Paris, Retz, 1982, p. 12.