A. L’être - La Conscience

Ces deux éléments du schéma sont explicitement présentés par PRH comme des instances de nature « métapsychique », signifiant par là leur origine à la fois psychologique et métaphysique.

Ainsi, le fondateur de PRH postule la radicale positivité de la personne humaine, et la définit comme étant dans une dynamique permanente de construction et d’évolution. Il a ainsi déterminé l’existence en chaque homme d’un être, envisagé comme le lieu de son identité profonde et de l’actualisation de ses désirs fondamentaux.

L’être serait présent en chaque personne, quand bien même celle-ci aurait été contrainte de le nier afin de survivre au mieux. Considéré comme un réservoir de potentialités et de qualités, l’être constituerait le patrimoine génétique de chaque personne.

Au coeur de l’être il serait possible de discerner ce qui est bon et important de ce qui ne l’est pas. C’est ainsi que la personne y découvrirait ses liens les plus essentiels, avec un noyau de personnes constituant le terreau de ses relations authentiques. En outre, d’après la conception du fondateur, l’attention à l’être rendrait perceptible le mystère de la transcendance et possible la relation à cette dimension spécifique.

L’être cependant se travestirait souvent, se cachant sous des masques érigés en protection. En effet, les personnes blessées très profondément, empêchées d’exister dans leurs aspirations fondamentales (blessure de non-existence12) n’auraient pu déployer que faiblement le faisceau de leurs potentialités. En revanche elles auraient souvent développé des qualités périphériques non essentielles :

« La vie étant puissante et le besoin d’être reconnu et accepté étant toujours là, l’enfant va se couler dans les attentes des personnes importantes pour lui, et développer d’autres aspects pour lesquels il reçoit des gratifications. Sa personnalité va pousser de manière dysharmonieuse, l’essentiel étant étouffé, les aspects périphériques étant sur-développés » 13 .

Le travail de l’analyse PRH consistera alors à désenclaver l’être et à le faire émerger progressivement. De plus, la formation PRH conduirait les personnes à prendre conscience de leur « agir essentiel » (activité dans laquelle elles se réalisent le mieux et sont les plus fécondes). Celui-ci apparaîtrait généralement à l’âge de la maturité, quand les personnes auraient pu discerner ce qui était fondamental au coeur d’elles-mêmes de ce qui ne l’était pas. Cet agir essentiel pourrait se vivre avec d’autres personnes, orientées vers les mêmes objectifs :

« C’est parce que deux personnes sont ordonnées l’une et l’autre à un même agir essentiel, chacune à sa place et en complémentarité, qu’elles se sentent proches, liées de manière vitale et durable. C’est comme si elles appartenaient, par l’être, à un même ensemble social, lui-même ordonné à une mission dans la société » 14 .

On dit qu’elles ont des « liens d’être ».

Cependant, pour avancer sur son chemin de croissance, la personne ne devrait pas seulement écouter son être en négligeant les autres éléments constitutifs de sa personnalité. C’est pourquoi André ROCHAIS fait apparaître dans son schéma une cinquième instance, la conscience.

Quelle en est sa définition ?

Tout d’abord, André ROCHAIS reconnaît l’existence de trois types de conscience bien distinctes dans la personnalité.

La conscience socialisée « caractéristique de l’état d’enfance psychologique »15 serait le lieu où la personne reçoit les valeurs de son milieu familial et social spécifique.

La conscience cérébrale « caractéristique de l’état d’adulte psychologique »16 celui des principes érigés en savoirs par le moi-je, mais pas obligatoirement en accord avec ceux de l’être.

Enfin la conscience profonde, la seule signalée sur le schéma, est définie comme une conscience morale, centre de référence et de décision interne. Elle serait un lieu de synthèse, permettant d’opérer des choix libres et précis en fonction d’un discernement préalable. Ce dernier tiendrait compte des forces du corps, des désirs et blessures de la sensibilité, d’un moi-je plus ou moins réceptif aux sensations, de l’environnement extérieur, et enfin (et surtout) des aspirations et des désirs de l’être. « La conscience profonde est la voix (et la voie) de l’être en croissance »17 . Elle réaliserait la liberté de la personne, envisageant la mise en oeuvre des décisions avec sagesse et prudence. Sorte d’instance de vigilance et de gouvernement , elle permettrait de prendre du recul et de poser des choix en accord avec ses priorités fondamentales. La conscience exprimerait les désirs de l’être et lui serait attentive en toute occasion. C’est elle qui autoriserait la personne à porter un jugement avisé et à se diriger dans la vie en fidélité à ses convictions les plus profondes.

Notes
12.

Blessure de non existence : « traumatisme plus ou moins grave ou invalidant consécutif à une réponse inadaptée ou à une absence répétée de réponse à un besoin fondamental, handicapant de ce fait l’expression des potentialités de la personne. Une blessure de non existence est un traumatisme qui a affecté l’essentiel de la personne et qui a engendré en elle une incapacité à pouvoir exister à partir de cet essentiel », Définition de la non-existence, synthétisée à partir de celles données dans le glossaire de l’ouvrage La Personne et sa Croissance, op. cit. p. 286.

13.

Note d’Observation, L’être, Poitiers, PRH, 1991, p. 9.

14.

Note d’Observation, L’être, op. cit., p. 4.

15.

Note d’Observation, Les Consciences, Poitiers, PRH, 1990, p. 5.

16.

Note d’Observation, Les Consciences, ibid., p. 5.

17.

Note d’Observation, Les Consciences, ibid., p. 5.