3. Le Fonctionnement De La Volonté

La volonté entre alors en jeu dans la phase de réalisation de la décision opérée au préalable. Elle est ‘« cette capacité que nous avons de mobiliser nos énergies et de les canaliser vers un objectif »’ 31. Elle se présente donc comme un canal conducteur des forces de notre corps et de notre esprit, en vue d’une finalité précise. Elle doit toujours se mettre au service de la liberté et de l’intelligence et ne pas être érigée en principe de vie, sous peine de susciter un fonctionnement volontariste. Ce dernier est dommageable car il favorise la prédominance du moi-je dans le développement de la personnalité et crée alors un déséquilibre dans la personnalité d’un individu.

Mais à l’inverse il peut se produire une atonie de la volonté. Celle-ci ‘« peut s’enraciner dans la mentalité ambiante »’ 32 où l’effort n’est plus une valeur essentielle ; elle peut révéler également une lassitude de vivre, ou s’apparenter à une réaction de défense face à une oppression quelconque.

L’observation faite à PRH et les résultats qui en découlent tendraient à prouver que la rééducation de la volonté est possible :

« Il faut d’abord se trouver des raisons de vivre. C’est au niveau de l’être qu’on les trouvera, car même blessé, il aspire toujours à exister et à se déployer. Cela éveillera des motivations. En fonction de ces aspirations de l’être il faudra se fixer des objectifs. Ensuite, il faudra apprendre à mobiliser ses énergies pour atteindre ces objectifs. Le bonheur éprouvé alors motivera un peu plus à vouloir. Et ainsi, lentement, ce muscle atrophié de la volonté retrouvera son tonus normal. C’est long, mais c’ est possible, car chaque petit progrès motive à continuer. Lorsqu’on en aura la force, il sera bon aussi de se tourner vers son passé pour retrouver la racine de cette atonie et pour guérir des blessures enfouies. Alors, le goût de vivre grandira et des énergies seront libérées » 33 .

Les analyses séparées que nous venons de conduire au sujet de l’intelligence, de la liberté et de la volonté ne doivent pas nous faire oublier que ces fonctionnements dépendent d’une même instance autonome, le moi-je.

Celui-ci est essentiel dans le développement d’une personne. C’est l’intelligence, la liberté et la volonté réunies qui concourent à l’émergence de l’identité et de la vocation d’un individu. C’est par elles que ce dernier peut décider d’entrer dans un chemin de croissance et de guérison et de conduire sa vie comme il l’entend. De manière idéale, ‘« l’harmonie de la personne et son bonheur optimal sont réalisés lorsque le moi-je se met au service de la croissance de l’être. (...) Au lieu de vivre avec deux centres autonomes qui s’ignorent, la personne s’unifie et entre en chemin de plénitude. (...) Bref, dans la condition humaine, on a trouvé sa voie, la vie a du goût et un sens »’ 34.

Notes
31.

Note d’Observation, La volonté et ses fonctionnements, Poitiers, PRH, 1989, p. 1.

32.

Note d’Observation, La volonté et ses fonctionnements, op. cit., p. 1.

33.

ibid., p. 3.

34.

Note d’observation, Le moi-je, Poitiers, PRH,1990, p. 2.