1. Les Outils De Découverte De Soi-Même

Il en existe trois principaux, qui constituent la base de toute pratique de l’outil PRH, quels que soient les thèmes abordés dans les sessions. Tout d’abord, le travail des TPA (Travaux Personnels d’Analyse) occupe la plus grande part de l’activité pédagogique vécue par le stagiaire au cours d’une session. Les TPA sont en effet le support didactique essentiel de l’ensemble de la formation PRH.

Comment se présentent-ils au participant ? Les TPA sont des questions précises, élaborées en fonction du thème de la session, auxquelles le stagiaire doit d’abord répondre pour lui-même par écrit en référence le plus possible à son ressenti intérieur. Il est ensuite invité s’il le désire à lire ou partager ce qu’il a découvert et noté comme réponse à son TPA.

Ainsi, lors de la session de formation intitulée « Qui suis-je ? », par laquelle il est conseillé de commencer PRH, les stagiaires sont amenés à observer les réalités importantes de leur personnalité, et tentent de se découvrir en focalisant leur attention sur différents aspects de leur vie personnelle et relationnelle. Le premier travail porte sur l’image de soi, censée révéler une facette importante de la vision que chaque individu a de lui-même et de son rapport aux autres. Il est ainsi formulé :

« Comment je me vois.
Je fais l’inventaire des aspects positifs de moi, des aspects négatifs de moi, de mes limites telles que je les sens.
Je fais une exploration méthodique.
Je me regarde sous tous les angles suivants :
mon coeur, c’est à dire la dimension affective de moi
ma sensibilité
mon intelligence
ma volonté
ce que j’entreprends
mon rapport aux autres
ma liberté intérieure
ma relation à une transcendance ou à un absolu
Qu’est-ce que je peux dire de moi sur tous ces points ? »
43 .

Ce premier TPA couvre un champ très large de recherche sur les différentes instances de la personnalité. En revanche, les TPA sont de plus en plus affinés et précis, à mesure que la session avance et que les stagiaires progressent dans la découverte d’eux-mêmes.

Ils sont à la fois une méthode directive (à cause de la précision des questions posées) et respectueuse de la liberté de chacun. Ils permettent de se situer en répondant personnellement et en partageant ou non ses découvertes :

« Les TPA sont « fabriqué » de manière à faire rejoindre quelque chose de soi, de sa vie présente ou de son passé, afin d’en analyser le contenu et, si possible, d’apprendre du neuf sur soi » 44 .

Sous un aspect apparemment très anodin, ces questions simples mettent en relief un connu psychique latent mais non exprimé, et aiguisent peu à peu la conscience que les personnes ont d’elles-mêmes et de leur entourage :

« Ils sont construits et se succèdent (les TPA), de manière à vous faire explorer à fond tout un secteur de vous-mêmes » 45 .

Néanmoins, s’ils constituent la base de toute session, les TPA ne suffisent pas. La densité et la richesse des découvertes que chacun fait (il est consacré 5 à 6 heures dans une journée aux TPA) ont besoin, pour être intégrées par le stagiaire, de temps libres et gratuits participant intégralement au temps de formation.

Ces temps libres constituent le second outil favorisant la rencontre intime avec soi même. Ils ne sont pas vécus comme des coupures durant lesquelles les stagiaires se défoulent ou enfilent à nouveau leur masque de convenance et de bien-être factice. Bien au contraire ils ouvrent un champ de liberté et de silence permettant au participant de demeurer centré sur son avancée. Ils sont ‘« des temps de présence détendue à vous-mêmes »’ 46 qui offrent également la possibilité de rencontrer les autres stagiaires de manière privilégiée, en regard des relations sociales quotidiennes cantonnées dans un discours superficiel et peu impliquant.

Chaque journée offre deux périodes de temps libre assez importantes : après le repas de midi et en fin de journée. Les personnes ont alors le loisir de goûter l’instant présent et d’apprendre à écouter leurs sensations intérieures. Les temps libres aident à l’apprentissage d’une fréquentation de son monde intérieur libéré des peurs et des fuites qu’entraîne un rapport constant d’extériorité avec soi-même. Il est conseillé dans la FPM43 sur la gestion des temps libres en sessions, de couper ‘« avec le climat et le rythme de votre vie ordinaire »’ 47 et de ne pas y retourner pendant la session sous peine de ‘« compromettre le travail que vous vouliez faire sur vous-mêmes »’ 48.

Il est donc une ascèse des temps libres comme des TPA. La formation PRH nous le verrons tout au long de cette présentation se donne des règles strictes et rigoureuses dans les différents moyens qu’elle utilise afin d’atteindre au mieux ses objectifs.

Le troisième outil conduisant à la rencontre de son identité profonde est un temps de solitude avec soi-même appelé temps d’être. Il prédispose les personnes à se mettre en contact avec la substance la plus essentielle d’elles-mêmes « l’être », dans le vocabulaire PRH, défini comme le lieu même de l’identité de chacun non atteint par les blessures du passé.

Ce temps est fondamental : ‘« C’est un temps de repos avec soi-même pour goûter le tranquille bonheur d’être soi et d’être habité de vie »’ 49. Il permet de se poser dans le positif de soi-même et de s’imprégner de cette réalité essentielle de la personne afin d’en découvrir les multiples facettes. C’est là aussi une entreprise de fréquentation avec cette part souvent niée ou cachée en chaque personne, à cause d’une pudeur ou d’un refus d’ordre culturel, religieux, social...

Cependant le temps d’être n’est pas un temps de relaxation. Cette immersion en soi-même, qui invite à se couper momentanément du monde extérieur est un éveil conscient et lucide aux réalités de son identité et de ses aspirations profondes :

« On se laisse couler au tréfonds de soi pour y rejoindre ce que l’on a déjà découvert de soi et y communier » 50 .

C’est un temps où l’on se laisse également rêver sa vie, non pour décoller de sa réalité pratique, mais pour visualiser l’élan créateur et la poussée dynamique que l’on observe en soi.

Le temps d’être prépare à la rencontre du mystère qui habite tout homme et qu’à PRH l’on nomme  dimension transcendante de la personne.

Ce temps d’être ouvre la fenêtre de la personne sur l’avenir et sur l’infini ; elle peut recevoir en elle durant ce moment privilégié les intuitions ou inspirations profondes de son être, la guidant dans les choix précis que son existence la pousse à opérer dans telle ou telle situation :

« Ce temps passé avec son être, c’est aussi un temps d’ouverture à ce qui peut se passer à ce niveau. En effet, l’être aspire à grandir. En conséquence, du neuf peut émerger au cours de ces temps d’être. Mais il ne faut pas attendre du neuf. Le neuf pourra surgir à n’importe quel autre moment. On ne commande pas les lumières de l’être. Par contre, les temps d’être contribuent à préparer ces émergences de neuf » 51 .

Si les temps de solitude semblent favoriser la découverte de soi-même, celle-ci ne pourrait être solide et complète sans la relation de la personne avec son semblable. Le visage et la parole d’autrui sont un miroir révélateur de notre propre visage et de notre propre parole. De plus, rien ne se crée ni ne se vit de fécond sans la relation de partage.011

La parole permet alors le devenir libre et éduque grâce à sa fonction de distinction et d’appellation. Ainsi, la liberté pleine naît du dialogue, de la confrontation du Je et du Tu même si la liberté de spontanéité se manifeste antérieurement.

C’est pourquoi après avoir observé les outils qui développent le « P » de Personnalité du sigle PRH, il nous importe de nous attacher à ceux qui aident à la création de relations authentiques, et expliquent donc le « R » de Relation, dans la dénomination de la formation.

Notes
43.

TPA. 2, Session Qui suis-je?, dicté par le formateur.

44.

FPM 23, Formation à l’analyse PRH, mini-outil individuel, Poitiers, PRH, 1989, p. 1.

45.

FPM 57, Méthode, Poitiers, 1990, p. 1.

46.

FPM 53, Information - Les huit ingrédients d’une session PRH, Poitiers, PRH, 1987, p. 4.

47.

FPM 43, 1989, p. 3.

48.

FPM 43, ibid.

49.

FPM 53, Information, op. cit., p. 5.

50.

FPM 13, Mini-outil individuel, Poitiers, PRH, 1989, p. 2.

51.

FPM 13, op. cit. , p. 2.