3. Des Attitudes Fondamentales

Celles-ci sont relatives au travail du formateur en sessions, GRINT ou entretien d’aide, dans sa relation aux personnes et aux groupes.

On y retrouve l’influence de ROGERS, les premières attitudes requises étant effectivement la bienveillance et le non jugement, tant dans l’activité d’écoute que dans le comportement général du formateur.

Celui-ci doit se contraindre à ne pas calquer ses critères d’évaluation personnels et ses propres valeurs morales sur les personnes qui viennent pour être aidées. L’objectif principal est de leur permettre de s’exprimer en toute confiance et de se sentir en sécurité, afin d’exister sans crainte face à leur conseiller (ce qui favorise leur croissance en libérant leurs énergies positives). Selon André ROCHAIS, vivre de la bienveillance consiste à vouloir du bien à la personne et à l’accepter dans sa réalité sans désir de la transformer.

Cette bienveillance s’appuie quant à elle sur une foi profonde en la capacité de changement de la personne ainsi que sur la confiance en la nature positive de tout homme. Le formateur doit s’efforcer d’avoir ce regard intérieur fait d’espérance visionnaire. D’autre part, il doit développer une écoute emphatique pour rejoindre le vécu de l’autre, en essayant de percevoir ce qu’il peut ressentir, au delà de ce qu’il exprime.

Le respect de la liberté de l’autre intervient aussi de façon primordiale dans l’attitude du formateur : ‘« Ce respect de la liberté n’a pas à nous dispenser de donner notre point de vue, en toute authenticité. L’autre a besoin que nous soyons vrais. Mais, ce moment d’authenticité passé, on laisse à la personne le soin de décider, lui faisant confiance pour juger de ce qui est bon pour elle, dans la situation où elle est »’ 69.

En revanche, si celle-ci est dans l’incapacité momentanée de prendre une décision, le formateur peut être dans l’obligation d’intervenir d’avantage. Cependant, même dans cette situation exceptionnelle, l’intérêt de la personne doit rester premier, et le formateur n’a pas à se substituer à la liberté de son client.

Le préalable à toute activité de conseil et de soutien psychologique repose sur un désir d’aider l’homme à se restaurer dans sa dignité et dans l’estime qu’il peut avoir de lui-même. Certes, les motivations des formateurs ont un caractère très personnel et sont extrêmement variées ; cependant, si la relation humaine est au coeur du travail du formateur, celui-ci devra développer des sentiments d’accueil, de compréhension voire d’affection, envers son client.

Bien sûr, ‘« la sympathie et l’affection ne se commandent pas. Mais, si vous vous faites attentif à l’être profond de cette personne, à son désir d’être elle-même, à ses efforts pour sortir de ses problèmes, vous sentirez naître en vous un courant de sympathie et même de l’affection. Une relation humaine s’établira. La relation d’aide PRH n’est pas une relation professionnelle, distante et froide. (...) Elle est alors vitalisante et stimule la vie de l’être. Elle permet la croissance »’ 70.

L’authenticité de la personne aidante est ainsi fondamentale pour que le client ne sente pas un décalage entre le discours du formateur et sa pensée véritable. La congruence demeure une exigence primordiale. En effet, une attitude de vérité permet à la personne de rentrer dans sa propre réalité pour s’affirmer peu à peu dans son identité :

« Soyez vrais. Ne soyez pas doubles, disant une chose et en vivant une autre. Soyez tout d’une pièce. Collez bien à votre réel intérieur et exprimez le comme il est. Cela vaut pour tout. (...) Vous créeriez de l’insécurité chez l’autre. Il le sentira à un moment ou à un autre » 71 .

Les attitudes que nous venons de décrire semblent relever de l’évidence et du simple bon sens. Pourtant, elles nécessitent elles aussi un certain apprentissage et impliquent un degré de maturité et de compétences que seule une expérience confirmée permet d’acquérir.

Ainsi, nous commençons à cerner plus précisément le profil d’un formateur PRH. Il nous reste néanmoins à définir ce concept de « psychopédagogie », pour réussir à comprendre quel peut être le champ d’action d’un professionnel PRH et quel est le statut de cette activité particulière.

L’analyse historique de l’origine de la formation PRH va ainsi nous introduire progressivement à la compréhension de sa spécificité, de ses valeurs et de ses finalités propres, et nous permettre de franchir un seuil dans l’étude des réussites et des limites de ce modèle éducatif particulier.

Notes
69.

André ROCHAIS, in note d’observation Comment faciliter la croissance des personnes, Poitiers, PRH, 1992. p. 1.

70.

FPM 26, Mini-outil individuel, J’apprends à aider, Poitiers, PRH, 1983 p. 10.

71.

ibid., p. 10.