3. L’éveil À La Conscience

En 1935, durant sa dernière année à l’internat, il est marqué par un enseignement sur la justice sociale, qui aiguisera sa conscience du monde et l’invitera à jouer son propre rôle dans la société :

« A quatorze ans, notre professeur nous parlait de la justice sociale... quelque chose a commencé à percer en moi à ce moment-là, c’était quelque chose qui touchait à changer le monde, remettre de la justice dans le monde... C’est là que se situe mon éveil à la condition ouvrière. C’est le monde entier qui m’intéresse. Je veux le changer. Tout cela est flou encore, comme chez un adolescent » 92 .

Porté par la conscience d’un monde à transformer et par un profond désir d’éduquer, il va suivre pas à pas ces deux axes qui en s’unifiant deviendront l’oeuvre d’une vie.

Michel LAMARCHE, formateur PRH, disait à ce propos : ‘« Il y a là, dans cet intérêt pour le monde et dans ce désir de promouvoir un monde plus juste, plus humain, l’une des racines les plus profondes qui a amené André ROCHAIS à se consacrer aux personnes et à leur croissance. C’est un humaniste dans l’âme »’ 93.

Il a dès quatorze ans l’intuition confuse du rôle unique et particulier qu’il jouera plus tard. A quinze ans il entre chez les frères de Saint Gabriel à Saint Laurent sur Sèvres en Vendée. Il a la perception à cette époque de la présence d’une conscience en lui-même et en tout homme, pense-t-il, qu’il définit comme le lieu ‘« où on pouvait arriver à discerner ce qui était à faire et ce qui ne l’était pas »’ 94.

Cette idée s’inscrit et s’explique en partie par la primauté des valeurs morales et spirituelles très prégnantes dans la sphère religieuse qui l’entoure. Cette forme de discernement n’est pas anodin et nous fait penser à celui proposé dans les exercices spirituels de Saint Ignace, où la conscience joue là aussi son rôle fondamental de médiatrice du spirituel, et d’une vérité transcendante. C’est parce qu’André ROCHAIS était porté par la conviction que la vérité, la justice, l’amour, sont des valeurs universelles, qu’il a ensuite mis en avant cette dimension de conscience profonde.

Poussé par une volonté obstinée de suivre ses désirs profonds, André ROCHAIS, fidèle à ses intuitions et vivant ‘« en docilité à l’instinct de son être, est devenu ce qu’il est et a donné naissance à PRH »’ 95.

Notes
92.

Cité par Marie-Anne LE GUYADER, in André ROCHAIS, fondateur de PRH, op. cit., p. 34.

93.

Michel LAMARCHE, ibid., p. 6.

94.

Cité par André LUMEAU, ibid., p. 23.

95.

Marie-Thérèse SAVEY, ibid., p. 32.