De 1943 à 1945, il est envoyé en Allemagne pour travailler en usine dans le cadre du STO (Service de Travail Obligatoire). Sa santé déjà fragile pâtit de ce travail trop rude pour lui. Il est hospitalisé plusieurs mois en Allemagne.
De retour en France en 1945, André ROCHAIS reprend l’enseignement dans la même école à Saint Jean des Monts mais cette fois il travaille avec des adolescents. C’est à son retour du STO que le Frère Texier, alors âgé de 17 ans, rencontre André ROCHAIS pour la première fois. L’image qu’il garde du futur fondateur de PRH nous en dit long sur la personnalité originale et charismatique de ce dernier. La description qui en est faite est à la fois éloquente, très chargée symboliquement, et en même temps poétique. Elle offre le souvenir vivace d’un jeune adolescent, sensible aux détails et à l’aura du personnage bien plus qu’à son discours :
‘ « L’occasion est assez pathétique ; nous sommes donc en mai 1945 et les frères qui revenaient du STO revenaient par vagues successives. J’étais juvéniste, c’est à dire une espèce de séminariste des frères de Saint Gabriel, j’étais en classe de première et au séminaire les frères (...) se plaisaient à inviter les frères anciens prisonniers et anciens du STO à venir parler aux juvénistes. C’était à l’occasion de lectures spirituelles ; cet après midi là je me souviens avoir eu la chance d’écouter avec mes camarades ce revenant du STO. (...)Nous avons donc la confirmation que la personnalité d’André ROCHAIS frappait par son originalité, son intelligence, et sa liberté. Cette dernière caractéristique nous semble d’ailleurs la plus importante, et nous observerons comment, dans la création de PRH, cet homme a été fidèle en priorité à ce que lui dictait sa conscience, faisant fi des pressions extérieures et des qu’en dira-t-on.
André ROCHAIS poursuit donc son parcours d’enseignant au sein de la congrégation et devient professeur à l’Ecole Normale d’Instituteurs de la Tourtelière sise en Montournais (Vendée) ; peu après il est promu sous-directeur dans ce même établissement. Cette Ecole Normale venait d’être fondée non par les frères de Saint Gabriel mais par le diocèse de Luçon. Les frères n’en avaient pas la direction, mais un certain nombre y enseignaient. Elle faisait suite en quelque sorte aux classes du Pensionnat Saint Gabriel, qui préparaient au Brevet Elémentaire la plupart des futurs instituteurs libres de Vendée. André ROCHAIS dispose alors de la possibilité d’exercer ses talents pédagogiques avec un public varié. Il réalise son attirance pour l’animation de groupes d’adultes, attirance supérieure à son intérêt pour l’enseignement auprès des jeunes, enfants ou adolescents.
C’est à cette époque également qu’il découvre les méthodes actives (Freinet, Montessori) et qu’il commence sa recherche personnelle en pédagogie, alliant toujours observation personnelle et lectures multiples. Une question fondamentale se pose alors, qui demeurera en lui, dit-il, ‘« pendant près de vingt ans »’ 100 : ‘« Où faut-il rejoindre l’être humain pour que se déclenche en lui le mécanisme de sa croissance ? »’ 101 à savoir le désir de devenir ce que nous sommes, comme Pindare le disait déjà en son temps, et d’actualiser ses potentialités dans un engagement approprié. Pour André ROCHAIS, cela passera plus tard forcément par le dégagement en tout individu de son être profond et de sa vocation. Mais cette émergence progressive des réalités essentielles de la personne n’ira pas sans la guérison puis le dépassement des blessures antérieures, notamment de celles inscrites dans l’enfance.
André ROCHAIS se découvre de plus en plus passionné par la recherche pédagogique et voit croître en lui le désir d’aider les adolescents dont il s’occupe à se développer dans tous les domaines de leur vie, et dans tous les secteurs de leur personnalité. En effet, c’est l’épanouissement global des personnes auquel il a envie de contribuer et non pas seulement celui de leurs qualités intellectuelles.
Entretien avec Frère Texier, op. cit., p. 1 et 2
Cité par Michel LAMARCHE, ibid., p. 7.
Cité par Michel LAMARCHE, ibid., p. 7.