2. Une Pédagogie Nouvelle

André ROCHAIS, qui avait déjà depuis 1964-1965 donné priorité dans ses sessions aux sujets traitant de psychosociologie, précise davantage cette année 66 leur contenu. Il commence à créer des outils pédagogiques différents, dans le mouvement amorcé lors de l’expérience entreprise avec le MCC (décrite précédemment). Il axe ses formations sur le thème de la Personnalité de l’être humain et crée des outils pédagogiques à base de questions, les TPA :

« Au début, j’étais un enseignant. J’enseignais avec le plus de pédagogie possible. J’essayais d’être concret, de trouver des exemples dans la vie des gens... Je leur disais la vie qu’ils devaient regarder. Je la leur décrivais moi-même. Avec l’enseignement sur les zones de la personnalité a commencé à naître un autre type de pédagogie : les TPA (Travaux Personnels d’Analyse). J’avais alors la préoccupation d’indiquer aux gens ce qu’ils devaient regarder avec beaucoup d’attention » 128 .

Il crée un embryon de session sur la Personnalité.

Précisons cependant qu’il continuait d’animer des sessions sur des thèmes différents (économie, politique) qu’il avait eu le loisir d’étudier à l’Institut d’Etudes Sociales.

C’est l’époque d’une recherche approfondie en pédagogie pour André ROCHAIS, qui n’a de cesse d’améliorer ses sessions et de créer les fondements d’une psychopédagogie qui deviendra peu à peu PRH. ROCHAIS décide volontairement de continuer sa recherche personnelle sans se référer ni à des philosophes ni à d’autres chercheurs. Il préfère aller au bout de sa propre quête afin de ne pas dévier de ce qu’il désire et pressent. Toute sa vie, ROCHAIS a voulu suivre fidèlement les intuitions de son être profond et les paroles de sa conscience et, obstinément, il a poursuivi sa route sans se laisser arrêter par une peur ni déstabiliser par les connaissances et les recherches des grands maîtres :

« J’approfondis ma recherche sur l’homme et sa croissance. Je m’observe moi-même. J’écoute les personnes qui, en sessions ou en relation d’aide, m’apportent leur vécu. Tous ces matériaux s’accumulent en moi, s’y organisent par je ne sais quelle alchimie mystérieuse et me sont restitués en synthèses comme des ensembles cohérents que je teste ensuite auprès de mes publics. C’est ainsi que je suis entraîné dans une recherche sur l’homme en relation avec Dieu. Commence aussi une recherche sur la relation d’aide qui va m’éloigner de ROGERS . Dans tout ce travail de recherche, je suis entraîné sur ma propre voie, hors des sentiers que m’avaient appris les différents maîtres que j’avais lus. Je me souviens, à ce sujet, du moment d’hésitation que j’ai vécu vers cette époque, lorsque j’ai pris conscience que je divergeais de ROGERS . J’ai choisi de continuer ma route, me laissant engager dans des zones qu’il n’avait pas explorées. J’ai lâché le « bâton ROGERS  » et j’ai filé ma route. Depuis lors, je n’ai guère lu les maîtres, faute de temps mais aussi faute de goût pour m’y mettre. Maintenant, avec le recul des années, je me rends compte que j’avais à élaborer mon propre système explicatif, librement, en seule fidélité au réel. Aujourd’hui, le goût me revient de lire d’autres recherches. J’ai plaisir à le faire. Ma pensée est assez solide, vaste et cohérente pour que je ne sois pas parasité ou inhibé par leurs propres découvertes. C’est comme si, intérieurement, je pouvais dialoguer avec eux, les situer dans le panorama de la psychopédagogie et m’y situer moi-même » 129 .

André ROCHAIS se pose ainsi lui-même en maître. Cette attitude semble assez caractéristique des fondateurs ou des créateurs qui, bien qu’érudits et cultivés, sont menés par le désir de produire de l’inédit afin de faire avancer l’humanité et d’entrer dans l’histoire.

Toutefois ce positionnement particulier du fondateur provoquera par la suite des conséquences moins positives : ainsi, la description que les plus proches collaborateurs d’André ROCHAIS font de lui aujourd’hui encore, le présente comme une figure quasiment exempte de limites et de défauts. Cette forme d’idéalisation a pu être influencée par le fait que le fondateur se comporte à leur égard en père ou conseiller spirituel. En outre, PRH restera longtemps une structure close sur ses propres convictions, peu ouverte au dialogue avec d’autres structures et d’autres anthropologies, exception faites des courants éducatifs dont les contenus viendront conforter la pensée du fondateur de PRH, (considérée par beaucoup de comme porteuse d’une vérité universelle).

Notes
128.

André ROCHAIS, cité par Michel LAMARCHE, ibid., p. 10.

129.

André ROCHAIS, cité par Michel LAMARCHE, ibid., p. 10.