B. Le Perfectionnement De La Méthode Et L’essor De La Pédagogie (1976- 1990)

1. Formation Des Formateurs Et Vie Interne

a) Une Formation Développée

Depuis la crise, l’équipe des formateurs tend à renforcer son unité ; cette cohésion raffermie va permettre le développement de la pédagogie et sa propagation sur les cinq continents. En outre, André ROCHAIS va pouvoir se consacrer plus particulièrement à la mise en forme de ses recherches et à la création de nouvelles sessions :

« Une nécessaire organisation s’impose face à cette progression impressionnante de l’activité PRH et du nombre des formateurs. Bénéficiant d’une certaine accalmie sur le plan de sa santé et conscient de sa place de fondateur, André ROCHAIS s’attelle à la recherche de ce qui permettra au don qu’il porte de s’actualiser avec le maximum d’efficacité et de fidélité » 173 .

Il a le souci d’améliorer tout d’abord la formation des animateurs afin de donner à ceux-ci des outils pédagogiques de plus en plus pointus. Ces outils ont pour but d’être des points de repère dans l’animation des sessions ; d’autre part, la formalisation plus approfondie de la pédagogie permet aux formateurs de rester fidèles à la ligne inspiratrice de PRH. C’est alors ‘« qu’André ROCHAIS entre dans une phase de créativité pédagogique intense. Il rédige les premiers « documents pédagogiques » pour animer les sessions ainsi que différents outils de formation à l’attention des animateurs (...) de nouvelles instances se mettent en place qui donnent une densité et une profondeur nouvelle au groupe. Une conscience collective se déploie »’ 174.

Tandis que l’équipe de France se réorganise et prend un nouveau départ, celle du Canada est touchée à son tour en 1977 par une crise interne importante. Cette fois, les divergences se cristallisent autour du nouveau président de l’association René Bernard nommé en 1975. Ce prêtre avait une optique différente de celle d’André ROCHAIS quant aux modes de formation des formateurs. Lui-même anthropologue de formation, il faisait venir des intervenants divers (moralistes, théologiens, philosophes) à chaque temps de formation interne. Il voulait apporter de cette manière aux formateurs des éclairages multiples sur leur pratique. ‘« Or, nous dit Andrée LUMEAU, ceux qui étaient de la veine même de PRH n’ont pas accepté cette situation et ont réagi »’ 175.

Il est intéressant de remarquer à quel point les deux phases de confrontation d’André ROCHAIS avec des opinions divergentes se sont soldées par des schismes, et des ruptures relationnelles douloureuses, dans la mesure où les « dissidents », ont vus leur positions non accueillies, voire refusées de façon catégorique, au nom d’une fidélité à une « intuition » fondatrice, qui est au fond la conviction personnelle d’André ROCHAIS. Nous nous garderons de porter un jugement sur le fond des débats, mais nous ne pouvons qu’être étonnés par le caractère « dramatique » de ces crises, et par leur douloureuse issue. Verrions-nous déjà apparaître la tentation d’absolutiser la vérité d’un seul homme, et de refuser l’altérité au profit d’un consensus fusionnel entre personnes d’une même famille, réunies autour de valeurs et d’idées communes ? Au demeurant, cette famille risquerait-elle d’exclure ses enfants prodigues, dont la vision originale viendrait rompre le fonctionnement huilé d’un ordre trop bien établi ?

Nous laisserons cette question en suspens, mais les deux parties suivantes se chargeront d’y répondre de façon approfondie.

Deux courants se sont alors vigoureusement opposés ; la venue d’André ROCHAIS devenait indispensable pour le dénouement de cette crise. Celui-ci fit à nouveau preuve d’autorité et rappela l’importance d’éviter les « cocktails » afin de garantir la survie de PRH et son identité propre. La fermeté de sa position provoqua en partie l’éclatement du groupe. Une dizaine de formateurs, à la suite de René Bernard, s’en allèrent.

Durant quelques années encore, André ROCHAIS continuera à se rendre régulièrement au Canada pour aider ce groupe à s’organiser et à se former afin d’assumer peu à peu une autonomie totale.

Il a conscience de l’importance de rallier des « disciples » dans l’école PRH, pour permettre à ceux-ci de prendre bientôt la relève dans tous les secteurs de l’organisme. C’est pourquoi le pôle de formation des animateurs demeure un axe prioritaire dans le projet d’expansion de l’outil.

Notes
173.

Michel LAMARCHE, ibid., p. 15.

174.

Michel LAMARCHE, ibid., p. 15.

175.

Andrée LUMEAU, entretien,14 février 1994.