B. Les Motivations Des Utilisateurs Et Leurs Satisfactions De La Méthode

1. Mode D’accès À La Formation

Il nous faut d’abord remarquer que la majorité de nos sujets (treize), a découvert PRH entre 1975 et 1985, à savoir dans les années d’expansion de l’organisme et d’innovation pédagogique, le fondateur n’ayant pas encore disparu, et PRH pas encore amorcé sa phase de sécularisation.

La moitié des personnes interrogées dit avoir été intéressée par PRH grâce aux témoignages de relations personnelles, que celles-ci appartiennent à leur réseau intime ou y soient étrangères. C’est donc la parole sur eux mêmes acquise par ces « témoins » de la formation PRH, la force de leur enthousiasme et la « visibilité » de leurs transformations individuelles qui ont réussi à convaincre les sujets de faire une première session :

« J’étais très attirée par ce que vivaient d’autres personnes que je trouvais plus équilibrées et plus heureuses que moi » ( M. 9). ’ ‘ « J’ai rencontré des gens qui témoignaient qu’ils avaient fait un chemin avec cette méthode et que ça les avait beaucoup transformé. Alors que j’avais jamais rencontré quelqu’un me disant : « j’ai fait une psychanalyse et voilà ce que ça m’a fait » » (M. 11). ’ ‘ « J’ai fait confiance aux amis qui m’en parlait et j’ai cru en leur parole (...). Spontanément j’ai fait plus confiance aux dires des personnes que je connaissais et qui avaient expérimenté » (M.15).

Nous pouvons déjà observer combien cette diffusion par l’intermédiaire d’un « bouche à oreille » enthousiaste se révèle efficace. La « confiance » en la parole d’un proche ou d’une personne sinon admirée du moins considérée comme « équilibrée » et épanouie a un effet sans doute plus percutant qu’une bonne campagne de « communication ».

De même, six sujets ont connu PRH par l’intermédiaire de communautés chrétiennes ou d’organisations confessionnelles. En général, celles-ci proposaient PRH comme une expérience humaine complémentaire à la formation reçue en leur sein, présentant l’énorme atout de s’inscrire complètement dans les valeurs du christianisme, tout en intégrant des apports psychologiques humanistes facteurs de progression globale pour les personnes. Les conseils prodigués par ces groupes chrétiens venaient en outre confirmer le sérieux de la formation et rassurer les sujets dans la mesure où les « médiateurs » de PRH partageaient leurs idéaux et leurs convictions fondamentales :

« C’est ce cadre de « mariages rencontres » 204 qui m’a servi de tremplin pour me propulser vers PRH et puis c’est là que je l’ai rencontré (...)...il y avait une prise en compte de toute la personne, y compris sur le plan spirituel (...) Je voulais que cet aspect là soit pris en compte, ne soit pas moqué » (M.14). ’ ‘ « Je l’ai connu par l’intermédiaire d’une aumônerie de lycée dans laquelle plusieurs personnes et l’aumônier en particulier avaient utilisé cette formation » ( M. 5). ’ ‘ « Par l’intermédiaire des Fondations 205 et cette communauté proposait comme moyen de formation PRH et nous invitait fortement à faire au moins la première session « qui suis-je ?». C’est donc comme ça que j’ai démarré avec PRH en 1978 » (M.3).

Les quatre autres sujets qui ont entendu parler de PRH par le biais d’organisations professionnelles ou d’entreprises ont manifesté des réactions plus hétérogènes au départ. Ceux-ci gardaient souvent légitimement une certaine prudence vis à vis de la formation proposée et une sorte de distance, de neutralité quant à PRH :

« J’étais animatrice dans le cadre de l’UFCS (association de conseil conjugal), c’est une amie (collègue) qui m’a dit, ce serait bien pour nous, en tant qu’animatrices, de les faire ( les sessions PRH). Je cherchais pas du tout. J’avais déjà commencé un travail de psychothérapie, ce n’était pas une recherche de quelque chose » (M. 1). ’ ‘ « Au départ, dans le cadre des études d’infirmière et un peu le hasard. (...) Cette formation m’a été proposée » (M. 12). ’ ‘ « C’était un travail de développement personnel, en groupe dans un cadre un peu professionnel puisque j’y suis allée en formation continue et cela m’intéressait de rejoindre un travail personnel avec un travail dans un groupe » (M. 18).

Cependant, tous reconnaissent que des motivations plus intimes, parfois inconscientes à l’époque, les ont de fait non seulement conduit à PRH mais les ont poussés à continuer la formation sur le long terme. Cette implication coûteuse en temps et en moyens financiers trouve son explication de plusieurs manières.

Notes
204.

Rebaptisé « Vivre et Aimer », cet organisme chrétien propose des formations pour les couples, mariés ou non.

205.

« Fondations pour un monde nouveau », communauté charismatique dont les responsables encourageaient vivement leurs membres à utiliser PRH.