2. Les Motivations Profondes

Elles relèvent de trois ordres.

Tout d’abord, neuf sujets ont évoqué des phases de grande souffrance psychologique ou de difficultés personnelles qui, alliées à des aspirations au bonheur et au changement, les ont conduit à s’interroger sur eux mêmes et à chercher une solution au « mal de vivre » qui les tenaillait. La situation ne relevait pas de la même urgence pour chacun des sujets mais les insatisfactions personnelles paraissaient suffisamment fortes pour ne pas être évacuées de leur champ de conscience et pour que ceux-ci envisagent sérieusement d’engager une formation :

« (A la suite d’une rupture amoureuse),je me suis sentie complètement perdue, pas du tout construite, dépressive. J’étais vraiment au fond du gouffre. Là, une force m’a amenée à consulter pour essayer de m’en sortir parce que cela n’allait pas du tout dans ma tête. C’est pour ça que je me suis engagée dans cette démarche, je voulais faire quelque chose pour aller mieux parce que j’étais mal, déprimée » (M.16). ’ ‘ « D’une part je venais de perdre mon père et j’avais des tas de réactions que je ne comprenais pas et qui m’intriguaient, d’autre part on avait déjà des enfants et je commençais à réaliser que ce que je vivais avec eux n’allait pas du tout, ne correspondait pas à ce que de fond je voulais vivre avec eux. Je me suis dit qu’il y avait un problème quelque part » (M. 15). ’ ‘ « J’avais 23 ans et j’étais chrétien engagé (...)il y a des choses qui se passaient pas en fait, j’avais comme un manque de lecture de ce qui se passait réellement en moi et qui m’handicapais pour changer comme j’avais envie de changer » (M. 11) .

D’autres soulignent encore une impression de manque de dynamisme et de joie de vivre ainsi qu’une absence de sens à leur existence, qui leur font cruellement défaut :

« Un besoin de changer et de comprendre les insatisfactions intérieures que j’avais » (M.6). ’ ‘ « Je voyais bien que je n’étais pas heureuse comme j’étais et que j’étais appelée au bonheur » (M. 8). ’ ‘ « Je voyais bien que je valais plus que ce que je vivais, je cherchais mais je ne trouvais pas comment faire pour être mieux, pour être plus à ma place, plus sûre de moi, je me comparais et je trouvais que je pouvais faire mieux » (M. 9).

Nous percevons à travers ces fragments de discours un profond malaise intérieur et une fragilité psychologique évidente. Ces personnalités inquiètes, pour certaines à tendance dépressive, parfois aux prises avec de gros doutes sur elles mêmes semblent généralement en quête de sens pour leur vie et de moyens pour apprendre à exister plus et mieux.

PRH est alors considéré non seulement comme un outil de développement personnel mais doit répondre à des attentes de soutien psychologique voire d’aide thérapeutique. Leurs motivations sont cependant relayées par un fort goût de vivre et de dépasser ces difficultés temporelles. Aussi, c’est bien un élan vital qui les pousse au départ à participer à leur première session PRH et les incite à continuer par la suite la formation de manière plus approfondie. En outre, ce désir de « mieux vivre » est sous-tendu par une volonté de « mieux se connaître » et de découvrir une nouvelle liberté :

« Suite à une difficulté professionnelle, je me suis mise en quête de qui j’étais (...)Qui suis-je ? A 20 ans ma première question c’était celle là » (M. 13). ’ ‘ « J’ai toujours été passionnée par tout le domaine de la psychologie depuis que j’ai 17-18 ans. J’ai toujours eu une recherche personnelle » (M. 14).

D’autre part, pour sept sujets, la motivation principale n’était pas la résultante d’un vécu psychologique difficile mais d’un désir de formation en relations humaines, en groupe, doublée parfois d’une exigence professionnelle. Cet intérêt pour la compréhension des fonctionnements humains n’était d’ailleurs pas toujours avoué comme relevant d’une quête individuelle, mais les sujets trouvaient finalement ce qu’ils espéraient inconsciemment, à savoir une méthode de développement personnel favorisant la prise de contact avec soi-même et ouvrant à la compréhension d’autrui :

« A l’époque j’étais en psychanalyse et ce qui m’était présenté c’était un travail de développement personnel en groupe (...), dans le cadre de ma formation professionnelle » (M.18). ’ ‘ « Ma motivation profonde était que c’était une époque où professionnellement je voulais me resituer et par l’intermédiaire de PRH j’avais appris qu’il existait une session qui s’appelait mon « agir essentiel », c’était ça que je voulais faire et rien d’autre. J’ai fait « Qui suis-je ? » parce que je me suis dit ils disent qu’il faut le faire (...) Et c’est en ayant fait ça que j’ai découvert PRH en tant que tel » (M. 7). ’ ‘ « A l’époque, la première fois, j’étais en recherche d’une formation, ça répondait à un souci de me former en relations humaines, en tout cas une attirance pour tout ce domaine là. Donc c’est cette coïncidence là qui m’a fait connaître PRH où j’ai cru, dans ce qu’on me disait, entendre des choses prometteuses » (M. 2).

Certains d’entre eux ont complété leur réponse en précisant que leur intérêt pour une telle formation avait été fortement conditionné par un premier désir, parfois inconscient, de se connaître eux-mêmes, et de grandir en autonomie relationnelle pour mener leur vie librement et consciemment.

Dans ce sens là, sept personnes évoquent une quête de leur identité ainsi qu’un désir d’autonomie et de liberté, qui les a conduit à participer à la session d’introduction, « Qui suis-je ? », dont le titre explicite semblait répondre à leurs attentes. Cette motivation pouvait parfois aller plus loin, la connaissance de soi n’étant effectivement qu’un moyen pour découvrir le sens de leur vie, trouver leur voie professionnellement, ou comprendre l’être humain dans ses fonctionnements psychologiques généraux  :

« Je pense que la motivation plus de fond c’est quant même la session « Qui-suis-je » (...), c’était une volonté de mieux me connaître et d’aller plus avant dans cette connaissance, la découverte de ma vocation qui me taraudait à l’époque » (M. 20). ’ ‘ « Une motivation, parce que je sentais que dans ma vie sur le plan humain j’avais envie de remettre de l’ordre, j’avais envie de mieux me connaître, de comprendre comment je fonctionnais » (M. 10). ’ ‘ « Le désir de mieux me connaître personnellement (...), le fait que j’avais peu conscience de moi même, de ma personnalité. C’était pour moi, cette approche PRH, une découverte quand je me suis lancé dans cette première session, passant d’une approche très rationnelle ou très assistée par les autres à une prise en charge de ma vie » (M. 5).

Dans cette perspective de découverte identitaire, certains décèlent une volonté profonde de trouver un outil pédagogique leur permettant ‘« d’évoluer personnellement »’ (M. 3), ou, ‘« d’être bien en relation intérieure pour la promotion des hommes que je côtoyais tous les jours »’ (M. 6).

A considérer ainsi les motivations des sujets interrogés, nous percevons une envie de changer et de progresser dans différents domaines. Nous ne devons donc pas nous étonner de constater par la suite la sincérité et l’exigence de leur implication, en corrélation directe avec ce puissant désir de « vivre autrement », doublé d’une quête d’harmonie entre leur vie et des aspirations essentielles trop souvent refoulées.

Ainsi, chacune des personnes interrogées semble offrir un terrain favorable au germe de la formation PRH. Celles-ci partagent toutes, à quelque détails près, une vision commune de l’homme et du monde teintée de principes judéo-chrétiens, et sont prêtes à s’engager dans un processus d’évolution personnelle accéléré qui leur permettrait d’atteindre leurs objectifs individuels.