3. Le Choix De Prh

Celui-ci, pour la majorité des sujets (quinze), est le fruit de rencontres inopinées ou de relations personnelles témoignant des bienfaits de la formation. A l’époque de leur première session, PRH était le seul organisme véritablement connu, leur approche d’autres méthodes de développement personnel ou de thérapies naissant ou s’approfondissant souvent après la découverte de PRH.

De plus, ce dernier offrait un visage aux contours plus rassurants pour les sujets qu’une psychothérapie ou une psychanalyse. Les échos de cette formation la présentait sous un aspect plus pédagogique que thérapeutique, ce qu’elle demeure aujourd’hui encore :

« J’ai commencé par PRH car c’était pour moi une porte d’entrée dans tout un travail sur moi même et n’en connaissant pas d’autres de manière si proche ou n’ayant pas entendu parler des personnes pratiquant le yoga ou je ne sais pas quoi, PRH était la première mais c’était un concours de circonstances et la ronde de personnes qui étaient elles même très motivées, très intéressées par cet outil et qui ont su me le communiquer » (M. 5). ’ ‘ « Dans mon environnement c’est ce qu’on m’avait indiqué et je ne connaissais pas d’autre moyen » (M. 4). ’ ‘ «  ç a m’inquiétait un peu la psychothérapie, spontanément j’ai fait plus confiance aux dires des personnes que je connaissais et qui avaient expérimenté » (M.15). ’ ‘ « C’est la seule chose que je connaissais en fait, pour moi la psychanalyse ou la thérapie c’était encore beaucoup trop loin de mon univers, PRH était très présent du fait de mes amis autour de moi, qui en avait fait et qui en parlait. Il y avait une sorte de proximité, je baignais dedans (...), ça a été quelque chose d’assez naturel d’aller à PRH. Je n’ai pas cherché, on m’en a parlé et voilà » (M. 19).

Pour huit sujets, dont certains ont d’ailleurs également donné la réponse précédente, le choix de PRH était secondé par un attrait particulier pour une des caractéristiques spécifiques de cette formation. C’est alors une démarche « éclairée », qui les a poussé à s’y engager :

« C’était celui que je croyais le plus en harmonie en fait avec ce que je pouvais vivre par ailleurs et en particulier dans les fondations 206 d’un point de vue plus spirituel » (M. 20). ’ ‘ «  PRH ne me faisait pas peur, pourtant j’étais au courant d’autres formations mais j’avais pas senti une simplicité comme je sentais dans PRH (...) ,c’était accessible » (M. 9). ’ ‘ « J’avais fait plusieurs approches avec des thérapeutes, des psychologues et d’autres et que je n’étais jamais satisfaite, j’avais peur d’être manipulée ou autre. L’écho que j’avais de PRH et le premier essai que j’en ai fait, j’ai vu que c’était autre chose, je pouvais y croire, m’y accrocher » (M. 8). ’ ‘ « L’approche Rogérienne m’intéressait beaucoup, j’étais curieuse de savoir quel type de travail on pouvait faire avec ça » (M. 18).

Enfin, pour cinq des sujets concernés, le choix de PRH était en lien direct avec leur formation professionnelle, les sessions se donnant parfois dans le cadre de la formation continue. Le choix ne relevait pas alors d’une décision personnelle. Il est à noter cependant que la méthode les a séduits puisque par la suite ils ont choisi d’entreprendre un cycle suivi de formation, en dehors de leur milieu professionnel :

« Cela m’était proposé dans le cadre de mon travail » (M. 18).

Il faut souligner que très souvent PRH est opposé à d’autres démarches de type thérapeutique, considérées comme dangereuses, et sources d’inquiétude ou de suspicion chez ces personnes. PRH est alors avantageusement valorisé car donnant accès à une formation douce et progressive, dans laquelle la personne gère elle même son parcours et ses besoins. En outre, pour des sujets particulièrement sensibles aux valeurs humanistes et existentielles et à la transcendance, la formation PRH qui intègre ces dimensions spécifiques et qui s’enracine dans les sphères du catholicisme ne pouvait que convenir à leurs attentes puisque participant de la même « culture ».

Nous avons en revanche été frappé de constater que dix-sept sujets ont approché ou engagé d’autres démarches de développement personnel, très souvent postérieurement à leur formation PRH, parfois parallèlement à celle-ci, quelquefois antérieurement.

Une minorité (cinq sujets) s’est tournée vers PRH après avoir expérimenté d’autres moyens qui ne les satisfaisaient pas ou parce qu’ils jugeaient que cette « psychopédagogie » pouvait leur apporter une formation différente et complémentaire :

« (...) dans tous les moyens que j’avais pris, c’était celui qui mettait le plus l’accent sur le positif et c’était important pour moi car j’avais été élevé dans une famille où (...) on mettait plutôt l’accent sur ce qui manquait plutôt que sur ce qu’il y avait » (M. 1). ’ ‘ « J’avais fait un travail analytique deux ans avant, mon analyste était mort et je venais de reprendre un travail analytique, cela (PRH) s’est fait quelques mois après en chevauchement » (M. 18). ’ ‘ « J’ai essayé d’autres moyens de formation et j’ai trouvé que PRH était plus ajusté, plus honnête » (M. 6). ’ ‘ « Parallèlement à PRH il y a eu un moment où j’étais tenté, parce que les entretiens PRH me coûtaient trop cher et que je ne pouvais en avoir aussi souvent que je le voulais, de reprendre une psychothérapie dans le coin par l’intermédiaire d’un dispensaire. Je l’ai fait quelques mois (...) mais j’ai vite arrêté parce que je n’y trouvais pas autant mon compte qu’à PRH » (M. 14).

Ces cas de figure demeurent néanmoins minoritaires au regard du nombre conséquent de sujets qui ont abordé d’autres méthodes de développement personnel ou de thérapies simultanément ou postérieurement à leur formation PRH.

Qu’une majorité d’entre eux ait ainsi décidé de découvrir d’autres approches psychologiques de connaissance de soi, et ce après avoir longuement utilisé PRH, nous questionne :

A ce point de notre analyse, et en observant le discours des sujets, nous pouvons proposer quelques pistes de réponses, qui seront approfondies et élargies dans notre second chapitre.

PRH apparaît tout d’abord comme une bonne « propédeutique » à un travail psychologique sur soi-même. Son aspect éducatif très marqué rassure au départ les personnes et leur convient dans un début de cheminement. Il semble cependant qu’après avoir enclenché ce processus d’introspection, survienne ensuite une volonté d’aller plus loin dans la conscience d’eux mêmes, notamment en abordant le champ de l’inconscient et celui des méthodes à dominante corporelle :

« (...) pour engager un processus qui était plus lourd en terme de psychothérapie, je crois que PRH a été une voie d’entrée dans ce processus là » (M. 5). ’ ‘ « Après avoir fait 7 années de PRH, j’ai tellement goûté de PRH qu’a la fin je pouvais presque plus le supporter : après la dépendance j’ai fait ma crise de contre dépendance. Donc j’ai éprouvé le besoin d’expérimenter d’autres formations différentes de PRH. Entre autres ce qui m’avait manqué c’était(...) toute la dimension corporelle, émotionnelle, j’avais trouvé que c’était trop mental, trop intellectuel » (M. 17). ’ ‘ « ...après PRH, j’ai fait une thérapie qui était faite pour la réinsertion de jeunes drogués, c’était une formation de formateurs, pour devenir formateur de thérapie il fallait passer 9 mois assez intensifs » (M. 20). ’ ‘ « Le chemin que j’ai fait avec un psychothérapeute était enraciné plus loin dans l’humanité. Ça allait chercher plus loin. PRH a une approche plus feutrée » (M. 12).

D’autre part, si en session la pédagogie PRH donne globalement satisfaction à ses utilisateurs, les avis divergent quant à l’efficacité et la qualité du travail effectué en relation d’aide individuelle. Ainsi, certains sujets profitent des atouts de PRH au sein des stages mais sont suivis par ailleurs par un psychothérapeute ou une personne étrangère à PRH. Ils n’ont en effet pas trouvé entière satisfaction dans les relations d’aide proposées par les « accompagnateurs » PRH ou préfèrent s’adresser à des professionnels de l’écoute thérapeutique :

«  Les sessions PRH que j’ai faites ont vraiment été des sessions clefs qui m’ont permis de franchir des étapes importantes dans ma vie. Entre temps j’abandonnais, c’était une démarche pas facile, souvent quand j’allais en accompagnement cela ne me satisfaisait pas complètement, c’est pour ça que j’allais vers d’autres moyens. (...)Pendant deux ans j’ai consulté un ancien pasteur, qui est psychothérapeute-formateur en PNL, qui m’a beaucoup aidé dans son accompagnement personnel » (M. 16). ’ ‘ « PRH m’a donné quelques outils...quand on fait une psychanalyse on réfléchit mais là il y avait quelques outils pédagogiques assez bien expliqués, avec l’avantage d’outils pédagogiques pour comprendre ce qui se passe dans la sensibilité et autres, ça c’était intéressant » (M. 1).

Si aucun des sujets ne nie les qualités de la formation PRH, l’on constate déjà que leurs appréciations sont nuancées en fonction des différents aspects de la pédagogie, et qu’une évaluation des atouts et des limites de PRH commence à se profiler.

Notes
206.

V. note précédente.