2. Ses Limites

Treize catégories de réponses ont été répertoriées ! Certes, six d’entre elles n’ont été citées chacune qu’une seule fois par nos sujets, mais il est étonnant de constater la diversité des limites notées, et leur pertinence.

Nous nous contenterons là encore de les citer, explicitant simplement les remarques encore inédites à ce point de notre analyse.

Ainsi, il a été dit quatre fois que cette formation pouvait entraîner une identification excessive, et que les personnes pouvaient s’enfermer dans un idéal au lieu d’inventer leur propre modèle de vie et de l’accomplir librement :

« (cette) identification au schéma, cette projection, l’idéal de l’homme que cela véhicule » (M. 4). ’ ‘ « Les gens rentrent dans un moule sans prendre conscience qu’ils peuvent l’accepter ou non, certains ne s’en rendent pas compte. Tu introjectes quelque chose que tu n’as pas forcément digéré » (M. 17).

Quatre sujets reprochent quant à eux à PRH son attitude défensive à l’égard des critiques et des remises en cause extérieures :

« Le risque permanent d’enfermement sur soi même, dans le groupe, dans le système explicatif. Le risque est l’absolutisation de PRH et la non ouverture à d’autres approches, d’autres courants de pensée qui ont aussi leurs intérêts » (M. 15).

Des manques et des insuffisances sont signalés aussi dans le domaine de la formation des formateurs, concernant plus particulièrement l’axe thérapeutique de PRH. Ceux-ci auraient pour conséquence regrettable la moindre efficacité des accompagnements individuels :

« Si on se contente de faire des sessions et des entretiens avec des gens qui sont formés qu’à faire de l’entretien type PRH, qui ne s’en tiennent qu’à ça, je crois qu’il y a quelque chose qui manque. Quand on est vraiment à une étape de guérison, de thérapie, face à la plupart des formateurs qui ne sont pas formés pour ça, il y a vraiment un manque » (M. 14). ’ ‘ « La grosse faiblesse c’est l’accompagnement » (M. 16).

Trois sujets notent aussi que la discrétion de PRH sur le thème de la relation à Dieu est dommageable, tout comme le fait que les sessions « je cherche Dieu », (calendrier confidentiel proposé aux uniques demandeurs) aient été supprimées. En outre, la forme d’introspection préconisée à PRH pourrait conduire à une sorte de fixation narcissique et à se couper ainsi de la relation aux autres.

Pour trois sujets, dans un sens très différent, cette formation qui n’englobe pas toute la personne (évacue l’importance de l’inconscient), ne doit pas avoir des prétentions thérapeutiques, et ne peut s’adresser à des personnes trop perturbées psychologiquement :

« Faire l’impasse sur des réalités importantes de l’être humain, sexualité, inconscient, corps...Etre limitée au niveau des approches philosophiques et des autres approches complémentaires » (M. 17).

Deux personnes regrettent quant à elles que PRH ne soit pas d’avantage représenté sur le plan de la psychologie humaniste, et souhaiterait que l’organisme sorte de sa discrétion et de sa réserve :

« C’est un mouvement qui est en train de se marginaliser, qui est voué à disparaître si il se bouge pas un peu (...) Aujourd’hui son manque de représentativité sur le plan de la psychologie humaniste est criant. Ce qui fait qu’aujourd’hui les sessions sont vides et les trois quart des formateurs crèvent la faim. Aujourd’hui PRH a zéro représentativité, n’existe pas. Existe par des petits bouts de PQ qui sont les notes d’observation, et par quelques anciennes pucelles ou bonnes soeurs qui font la formation, qui sont très bien par ailleurs » (M. 2).

La description ci dessus est peut être alarmiste, mais a le mérite de poser clairement les questions fondamentales quant à l’avenir de PRH. Elle semble offrir un regard à la fois lucide et judicieux sur la conjoncture actuelle de l’organisme et ses difficultés.

Les réponses suivantes ont été citées une seule fois. PRH est ainsi considérée comme une formation coûteuse en temps et en moyens financiers, qui paradoxalement évacue ce thème de ses préoccupations.

Une personne trouve au demeurant que le cadre de la formation est trop flou : en effet, les gens se connaissant entre eux et ayant la possibilité de changer d’accompagnateurs quand ils le veulent, l’importance du transfert est moindre et l’efficacité des accompagnements s’en ressentent.

Le peu d’importance accordée à l’action et à l’engagement comme moyens de croissance est également jugé regrettable.

Enfin, il a été une fois encore précisé que PRH était sous-tendu par une axiologie utopiste, laissant croire aux personnes en l’avènement d’une société non conflictuelle et harmonieuse d’où le conflit serait évacué presque totalement. C’est pourquoi un sujet trouve que PRH connaît mal ses limites et est mal situé au plan anthropologique.