1. La Formation Prh : Une Psychothérapie ?

Il est communément admis par nos sujets que PRH n’est pas une psychothérapie, bien que proposant au sein de son parcours de formation des épisodes thérapeutiques, nécessaires à la croissance des personnes.

En effet, une seule personne estime que PRH s’assimile à une psychothérapie de groupe, dans la démarche qu’elle propose en session, tout en demeurant une bonne psychothérapie personnelle.

Quant aux autres sujets, ils exposent clairement les éléments différenciant PRH d’une psychothérapie.

La première hypothèse, douze fois citée, évoque l’écart de finalité entre PRH et une psychothérapie : PRH n’aurait pas pour but d’aider les personnes à guérir de leurs traumatismes, mais de favoriser leur croissance, en vue d’une humanisation à plus grande échelle de la société :

« Le propos de PRH n’est pas ordonné à faire un travail de redécouverte de son passé et de faire un travail de régression. On peut être amené à le faire mais ce n’est pas le but. Je ne sens pas que la finalité de PRH soit de reconstruire les soubassements, c’est plutôt de construire en étages je dirais. Alors qu’une psychothérapie va s’occuper de construire les soubassements » (M. 17).

De plus, selon sept sujets, PRH se distinguerait d’une psychothérapie dans les moyens utilisés, qui offrent une grande diversité aux sujets, afin d’apprendre à ceux-ci à gérer leur vie de façon autonome :

« Une psychothérapie n’est pas faite de parcours prédéterminés. PRH c’est un parcours » (M. 17).

Cinq personnes insistent en outre sur la différence entre le cadre d’une psychothérapie et celui de la formation PRH, et sur la diversité des compétences spécifiques attribuées généralement à un psychothérapeute et à un formateur PRH, qui ne reçoivent pas le même enseignement et n’inscrivent pas leur travail dans le même champ d’action :

« Il y a déjà l’analyse que le psychothérapeute a fait (...) et puis un travail intellectuel sur la psychologie avec une psychologie ouverte. (...) Une formation très différente du formateur PRH. Ensuite il y a le fait du cadre. (...) Il y a un cadre qui n’est pas donné par le psychothérapeute mais par la psychothérapie, qui permet de faire rentrer dans un travail en profondeur. On est affronté à ce cadre qui est le réel, on est affronté à venir tous les X temps, (...) tout ça permet de faire fonctionner tout le système du transfert, de l’agressivité par rapport au cadre, tout le système qui est la vie réelle. Et ça on le trouve pas à PRH » (M. 1).

D’après quatre sujets en revanche, PRH apporterait un plus par rapport à une psychothérapie :la présentation d’un schéma et d’un système explicatif de référence. Ceux-ci seraient des éléments très aidants dans un début de cheminement, que n’offrirait effectivement pas une psychothérapie traditionnelle.

De plus, la formation, nous l’avons observé à de nombreuses reprises, ne mettrait pas la sexualité au coeur de sa problématique (trois sujets le font remarquer), puisque ne se référant pas aux mêmes notions que la psychologie Freudienne. En outre, l’importance de la relation transférentielle aurait une place beaucoup plus modeste à PRH, la formation s’étayant de nombreux outils pédagogiques, considérés comme autant de médiateurs souhaitables pour la personne :

« Cela ne peut pas être une psychothérapie car elle n’intègre pas toutes les dimensions de la personne humaine, elle exclut le corps, en session on exclut toute interaction entre deux personnes (...) En Gestalt par exemple, ont travaille sur le transfert, on expérimente la chose à PRH jamais » (M. 17).

PRH quant à lui rejette catégoriquement l’appellation de psychothérapie puisque la formation qu’elle dispense n’a pas la prétention de remplacer un travail thérapeutique et que ses professionnels n’en ont pas la qualification.

Cependant, la formation s’en apparente en de nombreux points : elle en a certaines propriétés et semble-t-il bon nombre de vertus.

Un engagement sérieux dans la formation PRH pourrait équivaloir à un travail de longue haleine auprès d’un praticien expérimenté. Encore faut-il que la personne ne soit pas trop perturbée et ne nécessite pas un suivi plus spécifiquement médical. En revanche, tout comme une psychothérapie l’exige, la formation PRH implique un investissement à long terme, pour devenir un outil efficace et performant. de transformation personnelle.

De plus, PRH, rejoignant en cela le courant de la psychologie humaniste, aborde de façon bien particulière les notions de maladie et de santé. Dans son guide des nouvelles thérapies Edmond Marc écrit ainsi : « Les démarches (qui se réclament de la psychologie humaniste ) tendent à révoquer une opposition trop marquée entre santé et maladie, en s’adressant aussi bien aux personnes « normales » qu’aux « névrosées » ; elles ont moins pour objectif de soigner ou de guérir une maladie que de permettre à chacun de développer et d’épanouir ses potentialités, d’enrichir sa vie et son expérience, de rendre ses relations plus intenses et plus harmonieuses. Il n’y a donc pas, pour la psychologie humaniste, de frontière marquée entre psychothérapie, développement personnel et techniques de créativité ou d’expression » 267.

Si cette conception est globalement partagée par les professionnels PRH, les différences entre la formation de base que ceux-ci dispensent et une psychothérapie ne sont pas niées. En revanche, elles se situent d’avantage sur le plan des outils utilisés et de ses finalités plutôt que sur celui des résultats obtenus auprès des utilisateurs. Effectivement, il est difficile de quantifier le degré d’efficacité de la méthode PRH comme de toute autre moyen psychologique d’ailleurs. Nous pouvons bien sûr mesurer la part de professionnalisme d’un outil et le sérieux de la formation des personnes chargées de sa transmission. Ceci fut d’ailleurs l’objectif principal de cette seconde partie. Nous nous sommes ainsi fait une idée du type d’impact que peut avoir une méthode comme PRH sur ses utilisateurs les plus assidus ; cependant, nous avons observé comment à la variétés des besoins des personnes correspond une pluralité de moyens, dont la performance varie sensiblement en fonction des attentes individuelles. C’est donc dans le champ spécifique de la méthodologie et des finalités que nous avons pu évaluer de manière satisfaisante le caractère bénéfique de PRH. Michel LAMARCHE précise d’ailleurs à ce sujet :

«  S’il est vrai que PRH a un impact positif sur la majorité des gens qui s’y forment, il est tout aussi vrai de constater que PRH n’est pas adapté pour certaines personnes. (...) Il s’agit de personnes en phase aiguë de perturbations psychologiques, avec parfois des complications psychopathologiques (dépressions, troubles du comportement, etc...). Leur intelligence est inapte à un travail de formation. Elles sont comme noyées dans leurs problèmes. Une aide plus spécialisée est nécessaire. Il s’agit aussi de personnes âgées dont la structure de personnalité est fragile. Des entretiens PRH peuvent toutefois les aider à vivre leur quotidien. Il y a enfin les personnes ayant des troubles psychiatriques, nécessitant là aussi une thérapie appropriée. Plus généralement l’expérience montre qu’un travail sur soi exige une motivation suffisamment dégagée » 268 .

Nous pouvons remarquer en effet que la psychopédagogie PRH a bien évidemment des vertus thérapeutiques sans pour autant se situer dans le champ spécifique de la psychothérapie ni se donner comme fin ultime la « guérison » des perturbations psychologiques.

Il importe que nous distinguions maintenant les différences entre une psychothérapie, dont l’objectif est de soigner un mal psychique, et une formation comportant des épisodes thérapeutiques (qui de fait peuvent soulager voire éradiquer des souffrances psychologiques) mais demeurant limitée dans les finalités et les moyens qu’elle se donne pour soulager les personnes.

Comme le précise Marie-Louise Pierson dans son guide des psychothérapies,  ‘« une thérapie, c’est à dire ce quelque chose qui agit sur nous et guérit, n’est pas forcément une psychothérapie. Quelque chose peut être thérapeutique (...) sans pour cela être psychothérapeutique »’ 269.

Or, les bienfaits de la psychopédagogie PRH sur les utilisateurs de l’outil ne peuvent être mis en doute même s’ils s’accompagnent parfois d’effets moins positifs temporairement. En effet la mise en route d’un tel type de travail psychologique va souvent avec une tendance au repli sur sa propre vie intérieure, qui risque de devenir provisoirement la préoccupation principale de la personne.

Toutefois, celui-ci contribue incontestablement à l’épanouissement des personnes et à leur investissement dans des secteurs divers de la société.

Cette méthode est thérapeutique puisqu’elle vise à aider les utilisateurs à se transformer et pour cela a recours à des étapes de guérison des blessures du passé.

De façon plus commune, l’outil de formation PRH produit des effets positifs sur les personnes : « Les visages s’ouvrent, des peurs et des dysfonctionnements disparaissent, des systèmes de défense lâchent, une affirmation de soi se fait plus ajustée, un fond de sérénité apparaît, une solidité intérieure se densifie, une authenticité s’accentue, une capacité à aimer, un altruisme une solidarité se développent » 270.

Telle est l’opinion d’un formateur ; cependant les témoignages des personnes interrogés, venant de cultures et d’horizons très divers, confirment ces propos. PRH possède de fait un aspect thérapeutique dans la mesure où les comportements de type névrotique des utilisateurs tendent à disparaître pour faire la place à un fonctionnement globalement harmonieux, aussi bien dans leur rapport à eux-mêmes, que dans leurs diverses relations.

Notes
267.

Edmond MARC in Le guide pratique des nouvelles thérapies, Retz, Paris, 1988, p. 10.

268.

Michel LAMARCHE in Courrier PRH n° 36, p. 21.

269.

Marie-Louise Pierson, Le guide des psychothérapies, Paris, Bayard, 1993. p. 23.

270.

Michel LAMARCHE, in Courrier PRH n° 36, décembre 1989 p. 18.