1. La Contemplation Chez L’enfant

La contemplation est une capacité particulièrement présente chez l’enfant qui déploie en son sein un pouvoir d’admiration et de concentration très grand.

Cette contemplation, vécue dans le silence et la concentration n’est pas le propre des esprits ignorants³⁸⁸ : plus l’enfant cultive cette capacité d’émerveillement, plus il a le désir de comprendre l’objet de sa contemplation, son mystère. Mais le mystère a ceci de particulier qu’il ne se dissout pas dans l’acte cognitif. Il en devient plus présent encore. Le mystère, MOUNIER le définit comme ‘« le sens de la profondeur ou du dessous des choses »’ ³⁸⁹. Il dit plus loin ‘« le sens du mystère, ce n’est pas du tout l’amour du mystère - Ni le goût des gnoses et des sociétés secrètes avec les choses (...). Le mystère c’est la simplicité, et la simplicité, du regard de l’enfant à la ligne des blés, est la forme la plus émouvante de la grandeur. Il n’est pas l’ignorance solidifiée, la peur projetée sur la route, il est la profondeur de l’univers »’ ³⁹⁰.

De plus, ‘« contre le monde sans profondeur des rationalismes, la personne est la protestation du mystère. (...) C’est en moi que je le connais plus purement qu’ailleurs, dans le chiffre indéchiffrable de ma singularité, car il s’y révèle comme un centre positif d’activité et de réflexion »’ ³⁹¹.

Ainsi la contemplation qui agit par mode d’imprégnation progressive permet-elle la perception du mystère de l’amour par l’enfant.

De manière plus concrète, c’est en voyant ses plus proches éducateurs (généralement les parents) s’aimer dans un dialogue de leurs libertés réciproques sur le mode de la communion que l’enfant deviendra un être de parole, une personne libre consciente de l’autonomie de son existence.