La création de la Ligue Internationale pour l'Education Nouvelle

Hormis les conférences inaugurales, environ vingt-deux allocutions ont été prononcées pendant les quatorze journées que dura le congrès de Calais15. Mmes Ensor, Rotten et Hamaïde, MM. Ferrière, Baillie-Weaver, Decroly, Nussbaum se trouvaient être dès l'origine du mouvement des personnalités très actives et qui s'exprimeront encore souvent dans les congrès ultérieurs. Des sujets tels que la coéducation, les relations de la psychanalyse et de l'éducation, la créativité de l'enfant, l'autonomie des écoliers, qui intéressaient les pédagogues nouveaux à la création de la Ligue ne cesseront plus de les interpeller.

Les thèmes de ces conférences serviront d'ailleurs de fondements aux principes de ralliement16 de la Ligue. Ainsi, il y est beaucoup question de la suprématie de l'esprit, de la libération des puissances spirituelles, de l'importance d'une éducation basée sur les intérêts innés, de la discipline organisée avec l'enfant, de la coéducation et de l'éducation du futur citoyen17. ‘« La "Ligue internationale pour l'Education nouvelle" a été créée à l'instigation de la New Education Fellowship anglaise, représentée par Mrs Béatrice Ensor et par son président M. Baillie-Weaver, et par le Bureau international des Ecoles nouvelles représenté par son directeur M. Adolphe Ferrière, de Genève. Ont pris une part active à l'élaboration des principes de ralliement, outre les trois personnes ci-dessus : pour la France, Mlle J. Decroix (Rouen) et M. Bermond (Paris) ; pour la Belgique, le Dr. O. Decroly ; pour la Suisse, M. Robert Nussbaum ; pour l'Allemagne, Mlle Dr. Elisabeth Rotten »’ 18, telles sont les phrases inaugurales de la revue de la Ligue Pour l'ère nouvelle, créée en janvier 1922.

La Ligue qui, dès sa fondation, se veut neutre et libérale ne reconnaît ni règlements ni statuts, la simple acceptation de la Charte suffit pour en devenir membre. Béatrice Ensor précise que : ‘« La Ligue n'aura aucun caractère politique ou confessionnel, ne se fera l'avocat d'aucune méthode pédagogique »’ 19. Au delà de la simple volonté des fondateurs de réunir tous les partisans d'une Education nouvelle en un vaste mouvement propagandiste, se profile l'espoir de « venir en aide à la rénovation du monde démoralisé »20. La diffusion des revues et l'organisation de congrès devraient agir dans ce sens. A Calais, c'est véritablement une ère nouvelle que les pédagogues nouveaux rêvent d'inaugurer...

Notes
15.

Voici les titres de ces conférences (in The New Education Fellowship, The creative self-expression of the child, « Report of lectures gives at the first summer conference held by the New Education Fellowship. Calais, 1921 », London, The New Education Fellowship, 1922) : « La libération de la faculté créatrice par l'éducation » par Haden Guest, « L'enfant français à la maison et à l'école » par Brereton, « La méthode Montessori » par Claremont, « L'éducation créatrice et la formation de l'artisan » par Wilson, « La coéducation » par Mlle Decroix et par Baillie-Weaver, « L'enfant est-il capable de puissance créatrice ? » par Nussbaum, « L'abolition de l'autorité » par Neill, « Une éducation libérale dans les écoles élémentaires » par Miss Pennethorne, « Une expérience de programme primaire avec activité personnelle de l'enfant » par Decroly, « Application de la méthode du Dr. Decroly » par Mlle Hamaïde, « L'Ecole active » et « Les écoles nouvelles à la campagne » par Ferrière, « L'autonomie des écoliers et la formation du caractère » par Craddock, « La psychanalyse » et « La valeur culturelle de la psychologie analytique » par Young, « L'art et l'enfant » par Choisy, « La valeur du drame dans l'éducation » par Miss Pagan, « Les développements récents des tests d'intelligence » par Miss Walters, « Les écoles de demain » par Mrs Ensor, « La valeur éducative du scoutisme » par Loiseau et la conférence de clôture par Beltette.

16.

Ces principes constituent la Charte de la Ligue et figureront en page de garde dans chaque numéro de la revue Pour l'ère nouvelle et ce jusqu'en 1932 (après cette date une nouvelle charte sera diffusée). Voir en annexe le texte intégral. Chaque abonné à la revue est considéré - sauf opposition écrite - comme adhérent aux principes de ralliement et aux buts de la Ligue.

17.

Ferrière rapporte dans son Petit journal comment s'est faite la rédaction finale de ces principes : « Mlle Decroix a fait une nouvelle rédaction d'un projet des principes de ralliement, on l'a discuté et on l'a adopté. » (in A. Ferrière, Petit journal, « Lundi 8 août 1921 », Genève, Archives Institut Jean-Jacques Rousseau).

18.

« Notre ligue », P.E.N., n°1, janvier 1922, p. 1.

19.

« Le congrès de Calais », P.E.N., n°1, janvier 1922, p. 7.

20.

Ibid.