La libération de la personnalité supérieure

A la recherche d'une « ossature scientifique » qui manquait aux écoles nouvelles, Ferrière, tout comme Decroly, dit s'être tourné vers la psychologie pour ‘« chercher les lois qui devaient former la base de l'éducation »’ 35. Il vise un point supérieur de la personnalité de l'enfant en établissant une hiérarchie d'attitudes et de comportements, des plus élaborés, ceux que l'esprit gouverne, aux moins perfectionnés, ceux maintenus sous la tutelle instinctive. Il relativise une trop totale confiance en la nature de l'enfant "telle qu'elle est". Mais l'observation de celle-ci lui permet de croire en la réussite d'une éducation fondée sur la science psychologique, et notamment sur les types psychologiques de l'enfant. ‘« Est-il une tâche qui demande plus de patience et de dévouement que celle qui consiste à édifier sur l'expérience pratique une science théorique objective, appelée à son tour à permettre une pratique pédagogique plus affinée, plus sûre de son fait, moins brutale et simpliste que celle qui a cours ? »’ 36, interroge-t-il dans son premier éditorial. Toute l'action d'éducation réside donc dans un effort de libération de la personnalité supérieure de l'enfant. A la différence de Neill, Ferrière ne pense pas qu'il suffit de laisser s'exprimer spontanément cette personnalité pour qu'elle soit, mais il faut l'aider à naître en dépassant les instincts de la personnalité inférieure.

Notes
35.

« L'Ecole Active » in The creative self-expression of the child, op. cit., p. 94.

36.

« Pour l'ère nouvelle », P.E.N., n°1, janvier 1922, p. 4.