Du dedans au dehors : premier pas vers le naturalisme

Dès l'instant où l'éducateur refuse d'imposer un modèle à l'enfant, il ne conçoit plus le développement d'un savoir ou de la morale que de l'intérieur. L'éducation ne peut plus poser a priori quelque chose de bien, de valorisé à apprendre, et surtout pas de modèle à imiter. Elle s'installe alors dans un naturalisme quasi total qui croit que le sens de "ce qui doit être" est dans "ce qui est", qui croit que le fait naturel que constitue l'enfant porte son sens en lui-même. C'est alors qu'il n'y a plus d'autre attitude pédagogique possible que celle qui part de l'observation de la nature en l'enfant, et celle d'un accompagnement de cette nature. Tout miser sur la nature, croire que de la nature enfantine libérée naîtra un esprit nouveau, c'est en même temps contenir l'éducation dans le déterminisme de la nature. C'est d'une certaine manière, en remontant aux origines de l'enfant reconnaître que tout était déjà joué avant son éducation. Il ne reste plus alors pour l'éducateur qu'à aider à l'accomplissement de cette libération, qu'à actualiser un déjà-là non exprimé, une sorte de prédestination.