Decroly : de la raison à la morale

Decroly fait une totale confiance en l'éducation intellectuelle pour ‘« orienter les tendances de l'individu »’ 104 dans un processus de sublimation. L'intelligence est ce qui différencie l'homme de l'animal et donc ce qui doit être prioritairement l'objet de l'éducation. De plus, ‘« c'est chez les plus hautes intelligences que se trouvent les sentiments les plus élevés »’ 105. Intelligence et qualités morales ne sont pas incompatibles, au contraire un homme capable d'agir moralement sera celui dont l'intelligence bien développée lui permettra de diriger ses sentiments et son action. Decroly établit une généalogie de l'action qui passe naturellement par le sentiment, mais il plaide en faveur d'une action réfléchie et intelligente qui seule peut orienter les tendances de l'individu et qui fait de l'acte une action véritablement morale parce que voulue. A la suite de son intervention, Ferrière fera remarquer à Decroly qu'il existe une étape entre ‘« l'imitation spontanée de l'enfant et le raisonnement abstrait de l'adulte »’ 106, et qu'il n'est donc pas possible d'accéder instantanément à la raison. Il y faut l'éveil de la conscience. Etape toute relative puisque, selon Decroly, elle demeure simplement intermédiaire entre l'âge du non-raisonnement et l'âge du raisonnement.

Notes
104.

« Comment l'éducation intellectuelle contribue à sublimer les tendances », art. cit., p. 117.

105.

Ibid.

106.

Id., p. 118.