Le problème de la liberté en éducation

Le problème de la liberté que pose le congrès de Locarno ne rejoint pas entièrement les discussions qui avaient eu lieu par extension sur ce même sujet à Montreux où il s'agissait plutôt de décider de la forme de liberté à introduire à l'école. A Montreux, c'était le problème du rapport liberté-discipline qui occupait les esprits. Même si la méthode du self-government recevait alors l'adhésion quasi unanime, les opinions se partageaient néanmoins entre différents "degrés" de liberté : totale, relative et réglée. A Locarno, le problème est complètement refondu, il s'agit ici de trouver un sens à la notion de liberté en éducation. Mais définir c'est en même temps délimiter, et cette volonté de s'accorder sur le "sens" d'un mot traduit aussi l'ambition de mettre un terme aux discussions sur la liberté qui reviennent inexorablement de congrès en congrès.

Locarno est un congrès incertain, comme le signale la rédaction de Pour l'ère nouvelle dans son éditorial de janvier 1927, il ne verra le jour que ‘« si l'orage qui gronde sur l'Europe nous en laisse le temps »’ 158. Les difficiles relations internationales de l'heure ne font que renforcer la nécessité de poser le problème de la liberté et de l'éducation sous la forme suivante : ‘« Quelle est la vraie signification de la liberté en éducation ? »’ 159 Les organisateurs de ce congrès se souviennent que l'année précédente, le quatrième congrès international d'Education morale de Rome avait dû être reporté sur décision du Ministère des Finances d'Italie ‘« pour des motifs qui ne sont pas éclaircis »’ 160, ils avaient ainsi fait l'expérience qu'ils n'étaient pas aussi libres qu'ils le pensaient, d'organiser des rencontres internationales.

Notes
158.

La rédaction, « Editorial », P.E.N., n°24, janvier 1927, p. 1.

159.

Ibid.

160.

La rédaction, « Editorial », P.E.N., n°21, juillet 1926, p. 76.