La liberté des psychologues contre celle des philosophes

La liberté prend des sens si différents. Pour Decroly, tout est affaire de points de vue. Tout dépend ‘« du conflit éternel entre deux intérêts, celui de l'unité et celui de la collectivité »’ 181. Dès qu'on parle de liberté, on en vient à parler de ses limites... D'ailleurs, l'acte volontaire pur est discuté par la science moderne. Existe-t-il seulement un acte ‘« indépendant de toute influence extérieure ou intérieure »’ 182 ? La liberté selon les philosophes - tel Kant - reste basée sur des preuves morales, elle est liée à l'existence même de la morale et de l'éducation, et donc à la notion de devoir. Pour James, l'acte volontaire et libre ‘« n'est réalisé que par ceux qui sont poussés par un idéal très élevé »’ 183. On est d'autant plus libre que l'acte demande plus d'effort, qu'il a surmonté plus d'obstacles. Il n'y a donc pas de réelle liberté, mais des déterminations par le milieu de l'acte qui se dit "volontaire". Cette liberté-là n'est pas celle des philosophes...

Notes
181.

« La liberté et l'éducation », P.E.N., n°31, septembre-octobre 1927, p. 184.

182.

Ibid.

183.

Id., p. 185.