Pas de liberté sans limitation

Pour Elisabeth Rotten, la liberté, aspiration humaine par excellence, se conquiert toute la vie durant par l'éducation. Ainsi, il y a de nécessaires limitations à la liberté de l'enfant, des devoirs envers l'autre, qui ne doivent pas être créées par l'éducateur mais suscitées par la vie. Sans limitations, il n'est point de liberté et la vie se charge bien de les renouveler, il ne faut donc pas craindre de "manquer" de limitation, et donc de liberté... C'est dans cette alternative liberté-limitation, par la victoire progressive de la liberté sur la limitation, que réside ‘« l'oeuvre de spiritualisation de notre vie, de nos instincts, de nos facultés »’ 184. Cette conquête, oeuvre de spiritualisation, est un acte religieux, comme l'est aussi la recherche du sens de la liberté qui s'effectue à Locarno.

Une constante entre toutes ces interventions sur la définition de la liberté, les orateurs relativisent l'usage d'une simple liberté d'action pour l'enfant, le contraire d'une véritable autonomie, celle qui s'éduque. Autonomie n'est pas d'ailleurs le mot le plus souvent utilisé. La liberté, oui assurément, mais une liberté qui se conquiert par la discipline de soi et non une "fausse" liberté qui naît du laisser "tout faire". Au point que certaines personnalités vont jusqu'à s'opposer au self-government, remettant en cause un acquis qui figure dans les principes de ralliement de la Ligue depuis 1921.

Notes
184.

« Liberté et limitation », P.E.N., n°31, septembre-octobre 1927, p. 180.